Les coups de feu factices proviennent d'une feuille de métal frappée sans discontinuer pendant l'exercice. La réaction des élèves, désormais habitués, est immédiate et coordonnée.
Quelques jours plus tôt, une fusillade entre gangs à proximité de l'école Manuel Aguirre a interrompu la journée de classe et suscité une grosse frayeur.
Une cloche sonne la fin de l'exercice, qui a duré une vingtaine de minutes. Il sera répété dans deux mois.
L'exercice est dispensé par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui le répète dans de nombreuses écoles de la capitale.
A Petare, quartier de maisons aux murs de briques nues et aux toits de zinc construites à flanc de colline, la violence entre bandes de trafiquants de drogue est tellement commune que les enfants savent distinguer avec une facilité déconcertante le type d'arme en fonction de la détonation, ainsi que la distance approximative du coup de feu.
En l'absence de statistiques officielles, l'Observatoire vénézuélien de la violence a recensé en 2022 à Petare un taux de 80 morts violentes pour 100.000 habitants, soit plus du double d'un taux national déjà alarmant (35,3 pour 100.000 habitants, soit six fois la moyenne mondiale).
Dans le même quartier, Marisela Mujica, dirige une prière à l'école Jesus Maestro.
L'école Jesus Maestro accueille 722 élèves de maternelle et primaire. Mais lors de pics de règlements de comptes entre gangs, moins de 200 sont envoyés en classe.
Pour la directrice, le plus important est que les enfants assimilent les bons réflexes. Elle raconte qu'un élève lui a récemment dit s'être retrouvé au milieu d'une fusillade en pleine rue.
De tels exercices de sécurité dans les écoles sont monnaie courante en Amérique latine, comme au Brésil et au Mexique.
A Rio de Janeiro, ils sont dispensés depuis 2009 dans plus de 1.500 écoles situées dans des zones où sévissent gangs ou milices d'autodéfense.