Cristaux de sel, cordes de sisal, bois, roches volcaniques: la créatrice kényane d'origine indienne Ami Doshi Shah mêle matériaux hétéroclites et design épuré pour confectionner ses bijoux, loin des injonctions d'une industrie qui ne jure que par les carats.
Ses pièces sont distribuées à travers l'Afrique (Nigeria, Ghana, Afrique du Sud, Côte d'Ivoire, Kenya...) et l'une de ses collections, baptisée "Salt of the Earth" ("Le sel de la terre"), a voyagé jusqu'au Victoria and Albert Museum de Londres en 2022 et au Brooklyn Museum de New York l'an dernier.
Mais il a fallu de longues années avant qu'Ami Doshi Shah ne se convainque d'embrasser son art.
Mais le clinquant de la bijouterie traditionnelle ne l'inspire pas, et son style expérimental lui semble décalé par rapport aux impératifs commerciaux du secteur.
Durant sa deuxième grossesse, elle prend un congé sabbatique et commence une résidence d'artiste dans la capitale kényane.
Personnel et politique
En 2015, elle se lance et crée sa marque, qui porte son nom, décidée à exprimer son style minimaliste, résolument ancré au Kenya.
Elle n'utilise que des matériaux locaux, comme le laiton, métal le plus utilisé dans la bijouterie kényane, le cuir, le bois de manguier ou la zoïsite, pierre de laquelle est extrait le rubis. Elle explique:
Tout le monde ne va pas aimer mon travail, tout le monde ne va pas le comprendre et ce n'est pas grave.
Ses créations, dont les prix vont de 75 à 375 dollars (69 à 345 euros), prennent parfois une dimension politique, comme sa collection "Salt of the Earth".
Ces pièces composées d'épaisses cordes, de cristaux de sel et de laiton patiné aux teintes bleu-vert explorent la double nature du sel, à la fois essentiel à la vie mais également corrosif et destructeur.
Elles portent aussi une référence au passé colonial de la Grande-Bretagne, dont le prohibitif impôt sur le sel avait amené Gandhi à organiser en 1930 une "marche du sel" dans l'État indien du Gujarat, région d'origine de ses grands-parents.
"Notre propre histoire"
Sa dernière création "Memento Mori" a été inspirée par les derniers jours passés sur la côte kényane avec son père, décédé en 2021.