Bande de Gaza: une Palestinienne déplacée devient maman de triplés

12:128/03/2024, vendredi
MAJ: 8/03/2024, vendredi
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La Palestinienne Rawand Mushtaha et ses triplés nouveau-nés vivent dans une petite tente installée dans la bande de Gaza.
Crédit Photo : @loidomemau / X
La Palestinienne Rawand Mushtaha et ses triplés nouveau-nés vivent dans une petite tente installée dans la bande de Gaza.

La Palestinienne Rawand Mushtaha et ses triplés nouveau-nés vivent dans une petite tente installée sur le parvis de "l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa", à l'est de la ville de Deir Al Balah, après avoir été déplacée du nord de la bande de Gaza en raison de la guerre israélienne à outrance qui a éclaté depuis 5 mois.

Devenue maman de triplés durant son déplacement forcé, Mushtaha, 20 ans, endure de conditions extrêmement difficiles et ne peut subvenir aux besoins de sa progéniture en raison du manque de lait et de couches, alors que la population de l'enclave palestinienne est frappée par la malnutrition et une pénurie d'eau potable.


À la veille de la Journée internationale de la femme, célébrée le 8 mars de chaque année, la femme palestinienne raconte à Anadolu son clavaire lors de son déplacement forcé, depuis le quartier "Al-Shuja'iya", dans l'est de Gaza, vers le
"complexe médical Nasser"
à Khan Younès, ville du sud de la bande de Gaza, où elle avait accouché de triplés, après que tous les hôpitaux de la ville de Gaza ont été mis hors-service.

La plupart des hôpitaux et centres de santé de la Cité de Gaza et du nord de l'enclave palestinienne étaient hors-service en raison de leur ciblage meurtrier par l'armée israélienne dans le cadre de sa guerre à outrance contre la bande de Gaza qu'elle mène depuis le 7 octobre dernier.

Cependant, certains hôpitaux de ce territoire continuent d'assurer leurs services dans des conditions très difficiles et complexes.


L'errance sans fin d'une déplacée


Avec l'intensification des combats entre la résistance palestinienne et l'armée israélienne et la dégradation de la situation sur le terrain, Mushtaha a fui Shuja'iya, en empruntant "la rue Salah Al-Din", à l'est de la ville de Gaza, en direction du
"complexe médical Nasser"
à Khan Younès, pour donner naissance à ses 3 filles.

"J'ai été contrainte au déplacement parce qu'il n'y avait plus d'hôpitaux qui assuraient des services de santé adaptés à mon accouchement à Gaza, surtout que mes enfants, à leur naissance, avaient besoin d'incubateurs jusqu'à ce que leur état se stabilise et que je puisse être rassurée et m'occuper d'eux"
, a déclaré la jeune Gazaouie au correspondant d'Anadolu. De plus, elle a ajouté:

Les crèches étaient hors-service à Gaza et j'ai dû donc me déplacer au complexe médical Nasser à Khan Younès.

La jeune maman a raconté le calvaire qu'elle a vécu entre son déplacement et l'accouchement, alors que la situation sanitaire dans les hôpitaux de Gaza était catastrophique, en raison du manque de fournitures médicales et de la forte pression sur les établissements de santé provoquée par la guerre génocidaire.


"L'accouchement nécessitait que je subisse une anesthésie générale, mais les circonstances difficiles et le manque de matériel et de traitements ont obligé le personnel médical à procéder à l'accouchement sous rachianesthésie (anesthésie rachidienne) uniquement"
, a-t-elle expliqué.

La naissance de triplés est très rare, mais le bonheur procuré par cet évènement a été de courte durée, puisque Rawand a reçu la nouvelle du décès de 50 personnes de sa belle-famille lors d'un massacre commis dans le quartier de Shuja'iya à l'aube du même jour où elle a accouché, dont sa belle-mère et ses deux belles sœurs.


À cette époque, Mushtaha a décidé de nommer ses trois filles: Souhad, Houda et Nada, d'après les noms de leurs grand-mères et tantes.


Mais la jeune Gazaouie n'est pas encore au bout de ses peines: lorsque l'armée israélienne a fait incursion dans les zones ouest de Khan Younès et le complexe médical Nasser, trois mois après la naissance de ses enfants, elle a été contrainte de fuir à nouveau, mais cette fois en direction de "l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa", situé dans l'est de la ville de Deir Al-Balah (centre de la bande de Gaza).

"Cette fois-ci, le déplacement a été très difficile, avec trois enfants à ma charge et l'impératif de traverser le point de contrôle militaire situé dans la localité d'Asdaa à Khan Younès, L'armée ayant fait incursion dans le complexe médical Nasser au milieu de la nuit et nous a forcés à partir"
, a raconté la jeune maman.

Une tente de fortune sur le parvis d'un hôpital


À propos des souffrances qu'elle endure avec ses enfants au quotidien, Rawand, explique:
"Nous vivons dans une petite tente où il fait froid la nuit et chaud pendant la journée, et ces variations de température provoquent des maladies chez mes nourrissons".

Et d'ajouter:
"Cette tente ne convient pas à une mère qui allaite ni à des nourrissons. Elle ne dispose pas du strict minimum qui assure notre survie"
, soulignant que la famille souffre d'un manque d'eau et de nourriture.

"Pour obtenir un gallon d'eau potable et utilisable, il faut faire la queue pendant une heure au minimum, ce que je ne peux faire. Prendre soin des enfants nécessite du temps, des efforts, ainsi que des personnes qui peuvent me venir en aide",
souligne Rawand.

La jeune Gazaouie déplore
"les difficultés de répondre aux besoins des enfants en lait et en couches"
, affirmant que
"quand bien même ces produits existaient, leurs prix sont inabordables et nous ne pouvons pas nous les permettre".

Elle espère la cessation définitive des hostilités qui lui permettrait de retourner chez elle et que ses enfants auront une vie meilleure dans un endroit convenable, loin des bombardements et de la destruction.

Depuis le 7 octobre dernier, l'armée israélienne mène une guerre à outrance dans la bande de Gaza, avec le soutien de Washington, qui a tué des milliers de Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants.


Le conflit a provoqué également
"des destructions massives et une catastrophe humanitaire sans précédent"
, selon l'ONU, ainsi que le déplacement forcé de près de 2 millions de personnes sur les 2,3 millions d'habitants qui vivent dans l'enclave palestinienne.

Pretoria a déposé une plainte contre Tel Aviv pour
"crime de génocide"
, devant la Cour internationale de Justice (CIJ). Les actes de l'État hébreu dans la bande de Gaza ont été qualifiés par l'ONU de
"violation du droit international"
, mais Israël rejette ces accusations, affirmant qu'il essaie seulement de protéger ses citoyens.

Un arrêt rendu en janvier par la CIJ a ordonné à Tel-Aviv de prévenir la réalisation d'actes susceptibles d'être considérés comme génocidaires et de prendre des mesures pour garantir l'acheminement de l'aide humanitaire aux civils de Gaza.


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