Signe de la vitalité intacte de la plateforme à plus de 170 millions d'utilisateurs aux États-Unis, TikTok a immédiatement été inondé de vidéos célébrant ce retour.
Dans un message posté sur X (ex-Twitter), le groupe a remercié le président élu d'avoir assuré aux fournisseurs d'accès à internet et aux boutiques d'applications qu'ils échapperaient aux lourdes pénalités prévues par la loi.
La loi prévoit, en effet, de très lourdes amendes pour ces prestataires techniques, jusqu'à 5.000 dollars par utilisateur pour les boutiques d'applications.
Plus tôt dimanche, le futur chef de l'État s'était engagé à prendre un décret une fois investi, lundi, pour suspendre la loi interdisant TikTok aux États-Unis.
Le texte adopté en 2024 ouvre la possibilité de repousser la mise en œuvre de 90 jours le temps de trouver un acheteur, alternative offerte à la maison-mère de TikTok, la Chinoise ByteDance, en lieu et place de l'interdiction.
"Nous devons sauver TikTok"
, a clamé dimanche à Washington Donald Trump lors d'un dernier meeting avant son investiture.
"Nous n'avons pas le choix"
, a-t-il martelé, évoquant les
en jeu.
"Nous ne voulons pas donner des marchés à la Chine"
ou
, a-t-il déclaré.
"Nous allons travailler avec le président Trump à une solution de long terme pour maintenir TikTok aux États-Unis"
, a de son côté expliqué l'entreprise.
"C'est un grand succès pour TikTok et une victoire politique pour Trump"
, a réagi auprès de l'AFP Dan Ives, analyste du cabinet Wedbush.
"L'application allait rester dans le noir et Trump est arrivé à la rescousse dans ce jeu politique à gros enjeux entre États-Unis et Chine"
, a-t-il poursuivi.
Interrogée lundi lors d'un point presse régulier, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a appelé les États-Unis à désormais
"écouter la voix de la raison"
.
La Chine attache
"une grande importance à la confidentialité et à la sécurité des données"
, a-t-elle assuré.
"Nous n'avons jamais demandé et ne demanderons jamais aux entreprises ou aux particuliers de collecter ou de fournir des données situées dans des pays étrangers d'une manière qui viole les lois locales"
, a souligné Mme Mao.
ByteDance s'est jusqu'ici refusé à céder cette plateforme lancée il y a à peine dix ans et qui est devenue incontournable pour une large majorité de jeunes internautes.
Donald Trump a dévoilé dimanche les contours de ce qui lui apparaît comme une solution à la question sensible du contrôle de la filiale de TikTok aux États-Unis par des intérêts chinois.
Je voudrais voir une société commune contrôlée à 50% par des Américains. Sans accord américain, il n'y a pas de TikTok. Avec notre validation, cela vaut plusieurs centaines de milliards, voire milliers de milliards.
À nouveau opérationnel, TikTok n'apparaissait cependant toujours pas sur les boutiques d'applications.
Depuis vendredi, le groupe avait demandé au gouvernement Biden d'envoyer un signal clair aux fournisseurs d'internet et aux gestionnaires de boutiques d'applications pour les dissuader de suspendre téléchargements et mises à jour.
Mais la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a qualifié ces appels de TikTok de
"manœuvre". "Nous ne voyons pas de raison pour TikTok ou d'autres sociétés d'agir avant la prise de fonction du gouvernement Trump, lundi."
Saisie par TikTok en dernier recours, la Cour suprême américaine avait refusé vendredi, à l'unanimité, de suspendre la loi.
Les neuf hauts magistrats ont estimé que les inquiétudes du Congrès
"en matière de sécurité nationale"
étaient
Les élus américains avaient justifié l'adoption de la loi par la nécessité d'empêcher les autorités chinoises d'accéder aux données d'utilisateurs américains ou de manipuler l'opinion aux États-Unis.
Mais si la plateforme faisait l'objet d'une franche hostilité de la part de beaucoup d'élus américains il y a un an, le vent a tourné et un consensus politique s'est dégagé ces derniers jours, favorable à la préservation de TikTok.
Le report de l'entrée en vigueur de la loi n'est théoriquement possible que si des éléments tangibles rendent une vente crédible.
L'homme d'affaires Frank McCourt s'est dit prêt à mettre 20 milliards de dollars sur la table avec d'autres partenaires, pour les activités américaines de l'application, sans son puissant algorithme.
Samedi, la start-up d'intelligence artificielle (IA) Perplexity AI a soumis à ByteDance une proposition de fusion avec la filiale américaine de TikTok, qui valoriserait le réseau social au moins 50 milliards de dollars.
La réouverture de TikTok a donné lieu à un déferlement de vidéos fêtant l'événement, déclinant les formes les plus populaires du réseau, des chorégraphies musicales aux vidéos doublées d'une chanson.
Un bannissement lié à la propagande pro-palestinienne ?
Si la sécurité nationale et la protection des données sont les arguments mis en avant pour justifier le bannissement de TikTok, certains observateurs estiment que la plateforme a surtout été visée en raison de la montée en puissance des contenus pro-palestiniens.
Depuis le début du conflit à Gaza, TikTok est devenu un espace privilégié pour les activistes et les défenseurs de la cause palestinienne, relayant des images et des témoignages qui échappaient aux canaux d'information traditionnels. Cette visibilité accrue aurait provoqué des tensions avec les partisans d’Israël et certains lobbies influents aux États-Unis, qui voyaient dans la plateforme un outil de propagande nuisible à leurs intérêts.
Le débat reste ouvert, mais ce facteur pourrait avoir pesé dans la décision des autorités américaines d’imposer des restrictions à TikTok, avant que Donald Trump ne décide d’en suspendre l’application.