Elle lutte et tire comme une acharnée sur le long câble que des policiers armés, en casque et gilets pare-balle, finissent par arracher du sol et confisquer: cette connexion illégale était le seul moyen pour cette habitante d'un bidonville miséreux du Cap d'avoir de l'électricité.
Dans une Afrique du Sud en proie à une grave pénurie d'électricité, les raccordements sauvages au réseau sont fréquents. Certains quartiers informels ne sont tout simplement pas reliés et les occupants des cabanes en tôle ondulée font appel au système D, parfois hasardeux. Dans d'autres cas, il s'agit de trouver les moyens d'éviter de payer la facture.
Selon les autorités, ces méthodes aggravent la crise de l'énergie. Après une accalmie ces derniers mois, les coupures d'électricité ont repris de plus belle cette semaine dans la première puissance industrielle africaine, au climat économique et social morose.
Mercredi, des dizaines de policiers et de fonctionnaires ont lancé une vaste opération de déconnexion dans plusieurs banlieues du Cap. Selon la ville, la consommation illégale d'électricité a coûté l'équivalent de près de 200.000 euros lors du trimestre dernier.
Pendant des heures, les forces de l'ordre ont débusqué les câbles enfouis, armés de pelles, de grandes cisailles et de gants. Certains ont tenté de les arrêter, d'expliquer.
Attendre de mourir ?
Dans notre cas, la survie consiste à se connecter au réseau illégalement.
En fin de journée, des kilomètres de câbles multicolores ont quoi qu'il en soit été emportés à l'arrière de camionnettes. Et de nombreux foyers sont retombés dans l'obscurité.
Dans les quartiers aisés, de nombreux Sud-Africains se sont équipés depuis l'aggravation de la crise énergétique fin 2021. Ils peuvent compter sur d'autres sources d'énergie avec par exemple l'installation de panneaux solaires.
La résolution de la crise de l'électricité est un enjeu crucial à moins d'un an d'élections générales où l'ANC risque, pour la première fois de son histoire, de perdre sa majorité.