Vendredi matin à Malanville. Habituellement, cette ville grouille de monde. C'est ici que les Nigériens font débarquer les sacs d'oignons sortis du sol au Niger. Et comme c'est vendredi, jour de prière musulmane, les Nigériens en parfaite harmonie avec les habitants de Malanville, à 95% au moins pratiquants de l'Islam, vont louer Allah, le miséricordieux dans les mosquées. Depuis des lustres, l'ambiance a toujours été conviviale entre les deux peuples.
Au lendemain du putsch dirigé par le général Abdourahamane Tchiani pour renverser le président Mohamed Bazoum, le 26 juillet 2023, Malanville s'est vu asséner un grand coup de massue. La ville dort maintenant à 20h.
Cette situation a rapidement changé la donne à Malanville. La ville dans laquelle le sourire est sur les lèvres de tous les habitants et au quotidien, est devenue une ville morte, presque fantôme. Les habitants qui tirent leur pitance quotidienne de la libre circulation des biens et personnes ont désormais les yeux rouges.
Moussa, la trentaine est marié et père de deux enfants. Il vit avec sa famille de ses activités de facilitation du passage des biens et marchandises des voyageurs. Depuis trois semaines, difficilement il arrive à nourrir sa famille. Toutes les activités sont à l'arrêt.
Aujourd'hui, il est difficile au Bénin de s'approvisionner en gaz domestique. Des queues interminables se forment dans les stations-service. Les commerçants véreux du Bénin profitent de la situation pour spéculer autour du prix du gaz. L’oignon coûte désormais les yeux de la tête.
Les crises humanitaire et économique ne sont-elles pas des créneaux porteurs pour mieux installer l'extrémisme violent qui débouche sur le terrorisme ? L'occasion est propice pour les groupes terroristes qui sévissent déjà dans cette partie septentrionale du Bénin de faire du bon recrutement. La faim est l'extrême violence qui soit, en particulier lorsque les pays occidentaux tirent les ficelles de loin.
Romuald Vissoh