JO-2024: Washington pour une participation des athlètes russes sous bannière neutre

La rédaction
08:573/02/2023, Cuma
AFP
Le CIO dans la tourmente sur la question de la participation des athlètes russes au JO-2024 @Fabrice COFFRINI / AFP
Le CIO dans la tourmente sur la question de la participation des athlètes russes au JO-2024 @Fabrice COFFRINI / AFP

Les Etats-Unis se sont prononcés jeudi en faveur de la participation des athlètes russes et bélarusses aux Jeux olympiques sous bannière neutre et sans emblèmes nationaux, relançant un débat qui prend de l'ampleur à l'approche des JO-2024 de Paris. Un débat qui ne se pose pas pour la Birmanie et ses exactions répétées contre les Rohingyas, ou pour la Chine et sa politique génocidaire contre les Uyghurs.

Si des athlètes sont invités à un évènement sportif international comme les JO, "
il doit être absolument clair qu'ils ne représentent pas les Etats russe ou bélarusse
", a affirmé la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre.


"
L'utilisation des drapeaux russe et bélarusse, d'emblèmes ou d'hymnes doivent aussi être interdits.
"


"
Les Etats-Unis ont soutenu la suspension des instances sportives de la Russie et du Bélarus des fédérations sportives internationales
", a-t-elle rappelé.


La participation, ou non, de ces sportifs aux Jeux olympiques de 2024 est une question aussi sensible que politique.



Depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, fin février 2022, Russes et Bélarusses ont été bannis de la plupart des événements sportifs mondiaux.



En revanche, la Chine qui mène une politique de génocide contre les Uyghurs, une minorité turcophone musulmane, a pu organisé ses Jeux Olympiques à deux reprises ces dernières années.




Menace de boycott



L'Ukraine souhaite que les choses restent ainsi, et que les athlètes russes soient tout simplement interdits de compétition aux JO de l'été 2024.



Mais le Comité international olympique (CIO) a mis le feu aux poudres fin janvier, en proposant une feuille de route pour organiser le retour des sportifs bannis sous drapeau neutre, à condition qu'ils n'aient "
pas activement soutenu la guerre en Ukraine
".


"
Aucun athlète ne devrait être interdit de compétition sur la seule base de son passeport
", avait assuré l'exécutif de cette instance.


Inadmissible pour Kiev, qui a immédiatement menacé de boycotter, accusant le CIO d'être "
un promoteur de la guerre, du meurtre et de la destruction
".






Et l'Ukraine est désormais appuyée par les pays baltes et la Pologne, qui agitent eux aussi la menace du boycott. La Lettonie a ainsi prévenu qu'elle ne "
participer(ait) pas aux Jeux aux côtés du pays agresseur
".


Le mouvement pourrait croître. Le ministre des Sports polonais a dit jeudi s'attendre à ce qu'une quarantaine de pays, comme la Grande-Bretagne ou des membres de l'Union européenne, s'opposent à la présence d'athlètes russes et bélarusses aux JO de Paris.



"
Je pense que la semaine prochaine révélera une attitude très ferme de la part des représentants de 40 pays
", a déclaré Kamil Bortniczuk.







"Egalité"



Jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a remercié les nations s'étant opposées au retour des athlètes russes et bélarusses, qui "
légitimerait l'agression criminelle contre l'Ukraine
".


"
Nous ne laisserons pas le sport être utilisé (...) pour la propagande de guerre
", a-t-il déclaré sur Twitter.


La Première ministre estonienne Kaja Kallas a elle jugé que laisser les Russes concourir "
serait se moquer des Ukrainiens et des dizaines de milliers d'entre eux qui ont perdu la vie dans le pire crime contre l'humanité perpétré en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale
".


Le comité olympique russe estime de son côté que ses sportifs devraient pouvoir participer aux Jeux olympiques sans restriction.



"
La Charte olympique stipule que tous les athlètes doivent participer sur un pied d'égalité
", a-t-il martelé.


Depuis le début de la guerre en Ukraine, le CIO souligne que la mise au ban des athlètes russes et bélarusses n'est pas une "
sanction
", puisqu'ils ne portent aucune responsabilité directe dans l'invasion, mais une "
mesure de protection
" des compétitions et de leur propre sécurité, prise "
le cœur lourd
" et contraire à ses valeurs d'universalité du sport.


A environ un an et demi du coup d'envoi des JO de Paris, la question est loin d'être réglée et ne le sera sans doute pas tout de suite.



"
On va être dans le flou artistique pendant longtemps
", confiait à l'AFP Jean-Loup Chappelet, spécialiste de l'olympisme à l'Université de Lausanne.


Aucune échéance n'a pour l'heure été fixée.

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