Une partie de Thakourth, jeu traditionnel algérien, à Menaa, dans la wilaya de Batna, dans l'est de l'Algérie.
"Nous l'avons hérité de nos ancêtres il y a longtemps. Il est pratiqué par nos tribus berbères. Nous y jouons chaque année à l'arrivée du printemps, sept fois pendant le mois de mai"
, raconte fièrement Ahmed Yettou, 22 ans, un jeune villageois.
Ce jeu se joue avec le "medjghaf", terme berbère désignant la crosse en bois, et une balle ("thakourth") taillée dans le bois dur de bruyère.
Ce jeu, qui remonterait à l'Antiquité, existe avec des variantes dans toute l'Afrique du Nord, du Maroc jusqu'à la Libye. Il a aussi une connotation religieuse et la sourate de la "Fatiha" est récitée avant chaque partie.
"Ce jeu, nous l'avons appris de nos pères et grands-pères dès notre enfance. Aujourd'hui, nous cherchons à le faire connaître à la nouvelle génération"
, confie Rabeh Zaghmim, 68 ans, un joueur de thakourth.
"Nous préparons manuellement les Medjghaf, ces bâtons utilisés pour jouer, de tailles différentes selon les âges et légers afin que tout le monde puisse jouer confortablement. Si Allah le veut, eux (les jeunes) et leurs proches continueront à s'entraîner et à jouer"
, explique M. Zaghmim.
"Nous préférons les petits troncs car ils sont faciles à manipuler, contrairement aux grands"
, explique Omar Darbal, 50 ans, un autre joueur, qui fabrique
"six ou sept balles par saison selon le nombre de semaines de jeu".
Le but du jeu, qui se pratique avec une équipe se trouvant à l'est du terrain et l'autre à l'ouest, est de ramener la balle dans le camp adverse. Il exige une grande force physique pour courir et frapper fort avec le "medjghaf" dans la balle en bois.
Le contact direct est interdit mais il est possible de frapper la crosse de l'adversaire. Si un joueur parvient à faire s'envoler la balle et à l'attraper pour l'envoyer dans le camp adverse, son équipe marque un point. Ainsi de suite jusqu'au score de sept points.
"Ce jeu est une extension de la nature, il symbolise l'accueil et la joie à l'arrivée du printemps"
, souligne l’historienne et chercheuse en patrimoine, Radhia Beljedoui.
Le jeu peut aussi servir à résoudre des problèmes entre des gens
"qui passent parfois un an sans se voir",
souligne Omar Hamadouch, 76 ans.
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1 ay önce
