Sixième mois de guerre à Gaza, les espoirs de trêve s'éloignent

17:557/03/2024, Perşembe
AFP
L'ampleur des destructions des bâtiments apparaît après le retrait des forces israéliennes dans la ville de Gaza, le 07 mars 2024.
Crédit Photo : AA /
L'ampleur des destructions des bâtiments apparaît après le retrait des forces israéliennes dans la ville de Gaza, le 07 mars 2024.

Les espoirs de trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza se sont à nouveau éloignés alors que la guerre qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts est entrée dans son sixième mois dans le territoire palestinien, assiégé et frappé par la famine.

Face au désastre humanitaire et au lourd bilan parmi la population civile, les États-Unis, le Qatar et l'Égypte espéraient arracher un accord sur une pause dans les combats avant le ramadan, le mois sacré du jeûne pour les musulmans, qui commence en début de semaine prochaine.


Mais la délégation du Hamas qui participait à ces discussions au Caire a quitté la capitale égyptienne pour des
"consultations
", a annoncé à l'AFP un haut responsable du mouvement de résistance palestinien.

"Les réponses initiales"
fournies par Israël "
ne répondent pas aux exigences minimales"
formulées par le Hamas, a déclaré ce responsable.

Les bombardements israéliens qui se poursuivent pendant ce temps sans répit ont fait 83 morts dans la bande de Gaza en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Mort silencieuse


Dans le petit territoire soumis par Israël à un siège total, 2,2 millions de personnes, selon l'ONU, soit l'immense majorité de la population, sont menacées de famine.


"Nous pouvons survivre sans nourriture pendant plusieurs heures, mais pas nos enfants",
a confié à l'AFP un bénévole, Bassam Al-hou, lors d'une distribution de repas aux déplacés à Jabaliya, dans le nord de Gaza. De plus, il a ajouté:

Ils meurent et s'évanouissent dans les rues à cause de la faim. Que pouvons-nous faire?

L'aide humanitaire, soumise au feu vert d'Israël, n'entre qu'au compte-gouttes dans la bande de Gaza, principalement depuis l'Égypte, alors que les besoins sont immenses.


"Cette horreur doit cesser maintenant. Un cessez-le-feu humanitaire ne peut pas attendre",
a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, mercredi sur le réseau social X.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 20 civils, des enfants pour la plupart, sont morts de malnutrition et de déshydratation. Le porte-parole du ministère, Ashraf Al-Qudra a déclaré:


Nous pensons que des dizaines de personnes meurent silencieusement de faim sans avoir atteint les hôpitaux.

Israël a lancé une campagne de bombardements doublée d'une offensive terrestre qui a fait jusqu'ici 30.800 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.


Les États-Unis, principal allié d'Israël, ont redoublé de pressions ces derniers jours sur les deux camps tandis que la Chine a appelé jeudi à un
"cessez-le-feu immédiat"
, qualifiant la guerre à Gaza de
"honte pour la civilisation".

Immenses destructions


Les discussions commencées dimanche au Caire, sans représentant israélien, portaient sur une possible trêve de six semaines associées à une libération d'otages à Gaza en échange de Palestiniens détenus par Israël, ainsi qu'à l'entrée d'une aide accrue dans le territoire palestinien.


Mais le Hamas réclame, avant tout accord sur une libération des détenus, un cessez-le-feu définitif, un retrait des troupes israéliennes de Gaza, la reconstruction du territoire et le retour dans leur foyer des centaines de milliers de civils déplacés par la guerre.

Israël rejette ces conditions et assure que son offensive se poursuivra jusqu'à l'élimination du Hamas.


Israël a annoncé préparer une offensive terrestre sur Rafah, une ville située à l'extrême sud de la bande de Gaza, contre la frontière fermée avec l'Égypte, où sont massés, selon l'ONU, près d'un million et demi de Palestiniens.


Les chars israéliens ont quitté cette semaine le centre de Khan Younès, une ville située à quelques kilomètres au nord de Rafah, laissant derrière eux d'immenses destructions après des semaines de combats.

Des images de l'AFP ont montré des habitants marchant dans un paysage dévasté, entre les décombres des immeubles rasés.


Plus de 1.500 maisons et immeubles ainsi que des centaines de boutiques ont été
"détruits ou très endommagés"
, a déclaré la Défense civile du Hamas, ajoutant que les soldats avaient aussi détruit
"tous les réseaux d'eau, d'égouts, d'électricité, de communication et routiers".

Selon des témoins, les combats se poursuivaient jeudi dans le nord, à Zeitoun, un secteur de la ville de Gaza, et dans le sud à Al-Shouka, un village proche de Rafah, ainsi que dans la partie ouest de Khan Younès.


Plus de 30 frappes israéliennes ont visé jeudi Rafah et le quartier de Hamad à Khan Younès, ainsi que le centre et le nord du territoire, selon le service de presse du gouvernement du Hamas.


Face aux difficultés des approvisionnements terrestres, plusieurs pays parmi lesquels les États-Unis, la Jordanie et la France ont parachuté de l'aide sur le nord de Gaza, une solution jugée insuffisante et dangereuse par les organisations humanitaires.

La piste d'approvisionnements maritimes est également explorée. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit visiter vendredi le port de Larnaca à Chypre, pays de l'UE géographiquement le plus proche de Gaza.


Le Conseil de sécurité de l'ONU doit une nouvelle fois se réunir jeudi à huis clos pour discuter de la situation.


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