Âgée d'à peine quelques semaines quand sa mère a été tuée dans les massacres du génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda, Vanessa Uwase dit avoir "soigné ses blessures" en travaillant au Mémorial de Kigali, classé mercredi au patrimoine de l'Unesco.
Situé sur une colline de la capitale rwandaise, le site de Gisozi est le principal lieu de mémoire du dernier génocide du XXe siècle. Il abrite notamment les restes de 250 000 victimes des tueries qui ont ensanglanté le pays entre avril et juillet 1994. Vanessa Ukase:
C'est un lieu de repos pour beaucoup de mes proches, et travailler ici m'aide à renouer avec eux d'une certaine manière et à soigner mes blessures.
Issue de l'ethnie tutsi, Vanessa Uwase était encore accrochée au sein de sa mère, gisant mortellement blessée au bord d'un chemin, quand une fillette hutu l'a recueillie.
Avec sa grand-mère et d'autres membres de sa famille, elle fuyait le Rwanda pour la République démocratique du Congo (RDC) voisine. Elle raconte:
Ma grand-mère m'a déconseillé de prendre le bébé, craignant un danger potentiel car l'enfant était tutsi alors que nous sommes hutu.
"Parcours de guérison"
Elles sont revenues au Rwanda dix ans plus tard, en 2004.
Après ses études, elle a commencé à travailler au mémorial de Gisozi, une étape cruciale selon elle pour l'aider à guérir et à accepter son identité de Tutsi adoptée par une Hutu.
Dans le musée, crânes, fragments d'os, vêtements déchirés, portraits de victimes et armes - machettes, gourdins, fusils - utilisées par les extrémistes hutu rappellent la frénésie meurtrière de 1994.
Des restes sont également conservés dans plusieurs des quelque 200 lieux de souvenir qui jalonnent ce petit pays (26 338 km2), comme ceux de l'église de Nyamata, du complexe scolaire de Murambi et des collines de Bisesero, également classés jeudi par l'Unesco.