Pedro Sánchez a été reconduit jeudi par le Parlement à la tête de l'Espagne, un pays profondément divisé face à la décision du Premier ministre de concéder une loi d'amnistie aux indépendantistes catalans, en échange de leur soutien.
Au pouvoir depuis 2018, le socialiste a obtenu les voix de 179 députés après deux jours de débats tendus, un nombre supérieur à la majorité absolue fixée à 176.
Ce vote de confiance met fin à près de quatre mois de blocage depuis les élections législatives du 23 juillet et va permettre à M. Sánchez de former un nouveau gouvernement avec ses alliés de la coalition d'extrême gauche Sumar.
Arrivé deuxième du scrutin de juillet, derrière son rival conservateur Alberto Núñez Feijóo, le Premier ministre a dû négocier tous azimuts ces dernières semaines le soutien à sa reconduction de plusieurs formations régionalistes, dont les voix sont cruciales dans un Parlement très fragmenté.
Acceptant, après d'intenses tractations, de soutenir M. Sánchez, M. Puigdemont a obtenu, en échange des voix des sept députés de sa formation, l'adoption prochaine d'une loi d'amnistie pour des centaines d'indépendantistes poursuivis par la justice. Une mesure qui lui permettra de revenir en Espagne.
"Refermer les blessures"
Exposant aux députés les priorités de son nouveau mandat, clairement marqué à gauche avec de nombreuses promesses sociales, Pedro Sánchez a défendu mercredi la nécessité et la constitutionnalité de cette amnistie, à laquelle il était pourtant opposé par le passé.
Rejetée, selon plusieurs sondages, par une majorité des Espagnols, cette amnistie a fait descendre dans la rue des centaines de milliers de personnes dimanche, à l'appel du PP. Une nouvelle mobilisation est prévue samedi à Madrid.
Nouvelles échauffourées
Les rassemblements quotidiens, devant le siège du Parti socialiste à Madrid, de l'extrême droite ont par ailleurs régulièrement dégénéré depuis la semaine dernière. Mercredi soir, 15 personnes ont encore été interpellées pour troubles à l'ordre public après de nouvelles échauffourées avec la police, selon la préfecture.
En raison de ces tensions, plus de 1.600 policiers ont été de nouveau déployés jeudi autour du Parlement, totalement bouclé depuis mercredi par les forces de l'ordre. Un dispositif équivalent à celui d'un match de football classé à haut risque.