Mozambique: Daniel Chapo, nouveau président qui doit éteindre la crise

10:5115/01/2025, mercredi
AFP
Le Président élu de la Mozambique, Daniel Chapo.
Crédit Photo : Alfredo ZUNIGA / AFP
Le Président élu de la Mozambique, Daniel Chapo.

Daniel Chapo, qui doit être investi mercredi à la tête du Mozambique à l'issue d'une élection vivement contestée, est un ancien gouverneur provincial sans expérience étatique, confronté à la mission délicate de calmer la crise provoquée par l'opposition et de restaurer la stabilité.

À 48 ans, il reste peu connu dans le pays lusophone d'Afrique australe, où sa désignation surprise par le parti historique au pouvoir en mai dernier a surpris beaucoup de citoyens.


Malgré des mois de manifestations violentes ayant causé 300 morts selon une ONG locale et perturbé l'économie du pays, il n’était pas le favori du président sortant, Filipe Nyusi, qui termine ses deux mandats à 65 ans.

Cette transition marque la continuité du Frelimo, parti aux origines marxistes, au pouvoir depuis l'indépendance en 1975, soit près de 50 ans sans alternance politique.


En décembre, la plus haute cour du pays a confirmé l'élection de Daniel Chapo avec 65,17 % des voix, soit cinq points de moins que le résultat initialement annoncé par la commission électorale en octobre, malgré des irrégularités dénoncées par plusieurs missions d'observation internationales.


Il devient le premier président né après l'indépendance du Portugal et le premier à ne pas avoir combattu au sein du Frelimo durant la guerre civile (1975-1992), qui a causé un million de morts et marque encore les mémoires.

Le principal opposant, Venancio Mondlane, crédité de 24 % des suffrages mais convaincu de sa victoire au scrutin du 9 octobre, est rentré au Mozambique la semaine dernière. Il a appelé à trois jours de manifestations débutant lundi, coïncidant avec la première séance parlementaire, jusqu'à l’investiture de Chapo.


Daniel Chapo a opté pour une posture apaisante, répétant qu'il est disposé à dialoguer avec
"tout le monde".
Les jours à venir, ainsi que l'annonce imminente de son gouvernement, dévoileront davantage sa stratégie pour ramener le calme.

Un leader influençable ?


Diplômé en droit, cet ancien professeur de sciences politiques et ex-présentateur de radio a parcouru le pays en préparation de son investiture.


Grand et imposant, Daniel Chapo dominait physiquement ses meetings de campagne où il a promis de
"travailler avec chaque couche de la société",
mettant en avant la construction d'écoles, d'hôpitaux et le développement d'une économie robuste.

Il s'est également engagé à éradiquer les violences dans la province de Cabo Delgado, théâtre depuis 2017 d'attaques perpétrées par des groupes terroristes affiliés à Daesh.


Ce conflit, ayant provoqué plus d’un million de déplacés et près de 5.900 morts, freine les ambitions économiques du pays, notamment autour des projets gaziers de l’océan Indien, gelés par des acteurs comme TotalEnergies.

Chapo, dont la carrière politique a débuté par des nominations du Frelimo, a été administrateur du district de Palma en 2015, alors que des projets gaziers prenaient forme.
"Il a appris à collaborer avec les multinationales localement",
explique le chercheur mozambicain Borges Nhamirre.

Gouverneur de la province d’Inhambane depuis 2016, il a été désigné candidat à la présidentielle en mai, après des discussions houleuses au sein du comité central du Frelimo.

"Le Frelimo ne parvenait pas à s'accorder. Ils ont choisi Chapo parce qu'il est influençable. Il ne remettra pas en cause les équilibres et sera étroitement encadré",
estime un expert sous anonymat.

Pour Borges Nhamirre, Chapo a été sélectionné parce que
"les factions du Frelimo ont vu en lui un candidat facile à influencer, notamment pour le choix des ministères et des postes clés au sein des forces de sécurité".

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