Crédit Photo : ANTHONY WALLACE / AFP
Le président sud-coréen destitué Yoon Suk Yeol arrivant au bureau d'enquête sur la corruption quelques heures plus tôt est diffusé sur un écran de télévision dans une gare routière de Séoul le 15 janvier 2025, après que M. Yoon soit devenu le premier président en exercice à être détenu dans l'histoire du pays.
Le président suspendu de Corée du Sud, Yoon Suk Yeol, a été arrêté mercredi au terme d’un assaut des enquêteurs, une première dans l’histoire politique du pays, marquant un épisode sans précédent dans la crise déclenchée par sa tentative infructueuse d’imposer la loi martiale début décembre.
Après une première descente manquée début janvier, des agents du Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) et de la police ont procédé à son arrestation dans une résidence du quartier huppé de Séoul où il était retranché. L’opération, menée à l’aube, a mobilisé d’importants effectifs. Les enquêteurs ont pénétré dans le domicile en escaladant le mur d’enceinte à l’aide d’échelles et ont appréhendé M. Yoon à 10h33 (01h33 GMT).
L’ancien procureur a ensuite été conduit aux bureaux du CIO, où il est placé en garde à vue.
"J’ai décidé de répondre au Bureau d’enquête sur la corruption"
, a déclaré M. Yoon dans un message vidéo, tout en affirmant qu’il contestait la légalité de l’enquête. Il a précisé avoir pris cette décision
"pour éviter toute effusion de sang malheureuse".
Une enquête pour "rébellion"
Suspendu par l’Assemblée nationale et visé par une enquête pour
, un crime passible de la peine de mort, Yoon Suk Yeol avait refusé jusque-là de répondre aux convocations. Les autorités ont émis des mandats d’arrêt pour le contraindre à se soumettre à l’enquête.
Selon le CIO, M. Yoon
"exerce son droit de garder le silence"
et refuse d’être filmé durant son interrogatoire. Il passera la nuit dans un centre de détention et peut être retenu pendant 48 heures en vertu du mandat en cours. Une prolongation nécessitera un nouvel ordre.
Dans un message publié sur Facebook avant son arrestation, M. Yoon a réitéré ses accusations de fraudes électorales et dénoncé des forces
visant la Corée du Sud, en référence à Pyongyang.
Yoon Suk Yeol est sous le feu des critiques depuis l’instauration temporaire de la loi martiale le 3 décembre, une mesure drastique justifiée par sa volonté de
"protéger le pays des forces communistes nord-coréennes"
et d’
"éliminer les éléments hostiles à l’État".
Le Parlement, encerclé par des soldats, a rapidement voté un texte exigeant la levée de cet état d’exception. Sous la pression des élus, des manifestants prodémocratie et des contraintes constitutionnelles, M. Yoon a été contraint de reculer.
Suspendu depuis le 14 décembre, il attend désormais le jugement de la Cour constitutionnelle pour savoir s’il sera destitué ou rétabli dans ses fonctions.
Une arrestation historique
Le 3 janvier, le Service de sécurité présidentiel (PSS) avait bloqué une première tentative d’arrestation de M. Yoon. Cette fois-ci, les autorités ont averti qu’elles sanctionneraient toute obstruction.
De brèves altercations ont éclaté devant la résidence, où des milliers de partisans de M. Yoon s’étaient rassemblés.
"L’arrestation de Yoon Suk Yeol est le premier pas vers le retour de l’ordre"
, a déclaré Park Chan-dae, chef des députés du Parti démocrate, principale force de l’opposition.
Kweon Seong-dong, représentant du Parti du pouvoir au peuple (PPP), a dénoncé une décision
Malgré ces divisions, le président du Parlement, Woo Won-shik, a appelé à la stabilisation des affaires de l’État et au rétablissement des moyens de subsistance de la population.
Mardi, la Cour constitutionnelle a officiellement lancé le procès en destitution de M. Yoon, qui a choisi de ne pas assister à la première audience, invoquant des préoccupations liées à sa sécurité. Une deuxième audience est prévue jeudi, et la procédure se poursuivra même en son absence.
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