Kenya: un ministre accuse le renseignement du bref enlèvement de son fils

16:1715/01/2025, mercredi
AFP
Justin Muturi, actuel ministre des Services publics et du Développement des ressources humaines du Kenya.
Crédit Photo : X /
Justin Muturi, actuel ministre des Services publics et du Développement des ressources humaines du Kenya.

Un ministre kényan accuse les services de renseignement d'avoir enlevé son fils en juin dernier, déclarant avoir dû solliciter l'intervention du président William Ruto pour le faire libérer.

Cette déclaration, transmise à la presse mercredi, met en lumière une problématique croissante dans ce pays d'Afrique de l'Est, où des accusations d'enlèvements et de meurtres extrajudiciaires se multiplient.


Une dénonciation inédite


Justin Muturi, actuel ministre des Services publics et du Développement des ressources humaines, a déposé un témoignage à la police mardi. Selon lui, son fils Leslie se rendait à une fête dans le centre de Nairobi en juin dernier lorsque des
"gangsters armés et cagoulés"
ont arrêté son véhicule et l'ont kidnappé.

À l'époque procureur général de la République du Kenya, M. Muturi affirme avoir contacté de hauts responsables de la police et du gouvernement pour vérifier si son fils était détenu par les autorités. Ce n'est qu'après avoir sollicité un contact au sein du Service national de renseignement (NIS) qu'il a reçu une confirmation.

Le lendemain, il a demandé au président William Ruto d'intervenir directement.
"Noordin Haji, chef du NIS, a confirmé qu'il détenait effectivement mon fils, et le président lui a demandé de libérer Leslie immédiatement"
, a déclaré M. Muturi dans sa déposition.

Une heure après cet échange, son fils était libéré.


Une première prise de parole gouvernementale


Dimanche, M. Muturi est devenu le premier membre du gouvernement à dénoncer publiquement un enlèvement impliquant son entourage. Lors d'une déclaration à la télévision, il a évoqué une recrudescence des disparitions depuis les manifestations antigouvernementales de l'été dernier, qui avaient été violemment réprimées.

"Il y a un certain nombre d'enlèvements et, dans certains cas, des morts inexpliquées depuis que le mouvement de protestation de la génération Z a été lancé en juin dernier"
, a-t-il affirmé.

Son témoignage alimente les soupçons d'une implication directe de l'État dans les détentions extrajudiciaires, une problématique qui domine l'actualité kényane.


Des chiffres alarmants


Selon la Commission nationale kényane des droits humains (KNCHR), 82 cas d'enlèvements ont été signalés depuis les manifestations de juin-juillet 2024. Plus de 60 personnes ont été tuées durant ces mobilisations, et des dizaines d'autres restent portées disparues, d'après les ONG locales.

Des groupes de défense des droits humains pointent du doigt une unité secrète issue des services de renseignement et de lutte contre le terrorisme, qu'ils accusent d'être à l'origine de ces disparitions.


Réponse présidentielle


En décembre 2024, le président William Ruto avait reconnu des exactions commises par les forces de sécurité et promis de
"mettre fin aux enlèvements"
. Il avait toutefois exhorté les parents à
"assumer la responsabilité"
de leurs enfants, en particulier dans le contexte des manifestations initiées par les jeunes générations.

À lire également:




#Kenya
#droitshumains
#enlèvement
#gouvernement
#Justin Muturi
#William Ruto
#services de renseignement
#enlèvements
#droits humains
#Nairobi
#manifestations antigouvernementales
#détentions extrajudiciaires
#Noordin Haji
#KNCHR