Crédit Photo : Fadel SENNA / AFP
Des pèlerins musulmans marchent sous des brumisateurs alors qu'ils arrivent pour accomplir le rituel symbolique de la "lapidation de Satan" lors du hajj annuel à Mina, le 16 juin 2024.
L’Arabie saoudite renforce ses mesures pour le hajj 2025, visant à protéger les pèlerins des risques liés aux températures extrêmes, après la tragédie de 2024.
Après la tragédie du hajj 2024, qui a coûté la vie à 1 300 pèlerins, l’Arabie saoudite redouble d’efforts pour garantir un pèlerinage plus sûr face à des chaleurs extrêmes.
Alors que le thermomètre atteignait 51,8 °C l'année dernière, 1,8 million de fidèles ont accompli les rituels, souvent dans des conditions insupportables.
Les autorités saoudiennes ont identifié la chaleur comme la principale cause des décès. Parmi les victimes, 83 % n’avaient pas obtenu de permis officiel, qui leur aurait permis d'accéder à des infrastructures adaptées, comme les tentes climatisées.
Pour 2025, bien que Ryad n'ait pas encore détaillé ses préparatifs, des experts suggèrent plusieurs pistes. Abderrezak Bouchama, du King Abdullah Medical Research Center, affirme que l’accent sera mis sur la réduction des risques posés par les pèlerins illégaux.
Des innovations, comme des bracelets connectés capables de détecter le stress thermique, pourraient être introduites dans le futur, bien que leur mise en œuvre pour cette année semble improbable.
Le hajj est un défi logistique majeur. En 2015, une bousculade avait causé 2 300 décès, mettant en lumière la nécessité d'améliorer la gestion des foules. Depuis, les autorités saoudiennes ont multiplié les initiatives.
Des espaces climatisés entourent la Kaaba, des routes réfléchissantes réduisent la température de l'asphalte, et des brumisateurs ainsi que des distributions d'eau sont disponibles tout au long du parcours.
"Boire de l'eau ne suffit pas face à des chaleurs extrêmes"
, rappelle M. Bouchama, préconisant l'utilisation d'unités mobiles de refroidissement pour soulager les pèlerins.
Un défi climatique croissant
La chaleur extrême en Arabie saoudite est amplifiée par le dérèglement climatique. En 2024, l’année la plus chaude jamais enregistrée selon l'observatoire Copernicus, a été marquée par des températures sans précédent. Le stress thermique lors du hajj devrait dépasser le seuil de
d'ici les prochaines décennies, selon une étude de 2019.
Cependant, les années à venir pourraient offrir un répit temporaire, avec le recul progressif du hajj vers des périodes plus fraîches. Mais ce soulagement sera de courte durée, souligne Karim Elgendy, expert à Chatham House:
"Le calendrier islamique, basé sur le cycle lunaire, ramènera inévitablement le hajj en été."
Malgré les restrictions, l'accès non contrôlé au hajj reste un défi pour les autorités saoudiennes. L’introduction d’un visa touristique en 2019 a facilité l’arrivée de fidèles étrangers, rendant difficile la gestion des pèlerins sans permis.
Selon Umer Karim, expert en politique saoudienne, les autorités devront concilier leurs efforts pour contrôler les flux de pèlerins tout en répondant aux besoins de ceux qui ne sont pas officiellement enregistrés.
Le hajj 2025 sera une nouvelle épreuve pour l'Arabie saoudite, confrontée à des températures extrêmes et à des millions de fidèles.
Si des mesures de mitigation ont permis de réduire de près de 75 % les cas de stress thermique en 40 ans, les défis climatiques à venir exigent des solutions innovantes et adaptées à l'ampleur de ce rassemblement religieux unique.
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