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Paris: des distributions alimentaires vitales pour les étudiants en situation de précarité

Lundi soir, dans le XIIIème arrondissement de la capitale française, Paris, une impressionnante file d’attente s’est constituée au point de distribution fixé par l’association Linkee.

15:03 - 1/02/2023 mercredi
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Crédit photo: AGENCE ANADOLU
Crédit photo: AGENCE ANADOLU
Des étudiants, les uns derrière les autres, sont des centaines les lundis, mardis et jeudis, à venir
récupérer des colis alimentaires pour subsister quelques jours
.

Face à une inflation galopante, couplée à leurs difficultés financières,
la situation ne cesse d’empirer
.

Le système mis en place par Linkee est particulièrement intéressant pour ces jeunes en difficulté, mais permet aussi de mettre à contribution les enseignes alimentaires à moindre coût, en évitant notamment le gaspillage de leurs invendus et des produits sur le point de dépasser leur date limite de consommation.


Sur son site internet, l’association, présente à Paris mais aussi à Bordeaux explique ainsi proposer
"une aide alimentaire durable pour les personnes en situation de précarit"
en récupérant
"auprès d’artisans, traiteurs, grossistes, exploitants agricoles, cantines scolaires, entreprises de la restauration collective, moyennes et grandes surfaces, festivals et événements, les invendus ou surplus alimentaires afin de les distribuer à des personnes dans le besoin"
.

"Nous récupérons auprès des professionnels de l’alimentation des denrées que nous distribuons auprès d’associations qui viennent en aide aux personnes en situation précaire"
, précise également son site internet.

Sur les lieux de la distribution, Anadolu a pu rencontrer plusieurs étudiants dont certains ne sont pas Français mais sont en France pour étudier.


Emy a 20 ans. Elle et son amie Anna, qui attendaient leurs colis lundi soir, expliquent avoir
"besoin de cette aide parce que la bourse étudiante est tellement faible qu’elle ne permet pas de payer un loyer à Paris et de s’alimenter en même temps"
.

Venues de Berlin, les deux étudiantes assurent que
"malgré l’aide apportée"
par leurs parents
"la vie est bien trop chère pour s’offrir quelconques loisirs"
et estiment que
"ces distributions alimentaires sont indispensables"
.

"On doit compter le moindre centime, tenir un cahier pour noter la moindre dépense et absolument tenir nos comptes, sinon dès le 15 du mois, on n’a plus rien à manger"
, abonde un jeune homme dans la file d’attente.

Adrien, venu lui aussi récupérer quelques denrées alimentaires, remercie ceux qui sont à l’initiative de cette distribution qu’il juge
"vitale"
pour les étudiants parisiens.

Le jeune homme, qui fait des études en sciences politiques, vient
"à toutes les distributions"
même s’il reconnaît
"avoir eu honte la première fois"
.

"Je ne vis pas dans la rue et il y a donc des gens qui sont dans une détresse pire que la mienne mais j’ai vraiment besoin de cette aide"
, plaide-t-il, racontant recevoir
"parfois des bananes, des pommes, des yaourts, des pâtes ou encore du lait"
.

Adrien précise également que sa bourse, qui s’élève à environ 550 euros, est déjà épuisée après avoir payé son pass de transport et sa part de loyer (il vit en colocation avec d’autres étudiants).


Sarah, elle aussi dans la file d’attente, note de son côté qu’il est
"dommage qu’il n’y ait pas une meilleure aide au niveau de l’Etat"
et s’interroge sur
"l’absence de solution proposée"
.

"Heureusement que les associations sont là parce que la précarité étudiante est un fléau qui amène à l’échec scolaire"
, note la jeune fille qui assure que de nombreux étudiants
"sont contraints de travailler tard le soir pour pouvoir manger, et finissent par abandonner leurs études parce que c’est intenable"
.

Linkee, présente sur le terrain depuis 2016, apparaît donc comme une bouffée d’oxygène dans le quotidien parfois lourd de ces jeunes en difficulté.


Fin 2022, l’association publiait un inquiétant rapport visant à établir un état des lieux. Ainsi,
56% des étudiants avouent ne pas manger à leur faim
tandis que deux tiers doivent subsister avec moins de 50 euros par mois après avoir payé toutes leurs factures et charges incompressibles.

Le rapport établit également que
"1/3 des étudiants fait face à des conditions de logement précaires"
ou encore que
"3/4 ne disposent pas des conditions fondamentales pour poursuivre leurs études"
.

"Aucune réponse d’ampleur à la mesure de cette précarité ne s’est encore dessinée du côté des pouvoirs publics alors que les besoins sont criants, comme en témoignent les dizaines de milliers d’étudiants accueillis lors de nos distributions"
, note Linkee qui pointe
"le sort réservé à la jeunesse"
.
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il y a 2 ans