La famille de Noor et leurs voisins s'abritent sous de rudimentaires toiles de tente dans leur village de Sohbat Khosa, dans le district de Dadu (sud).
Cet abri ne protège guère contre la chaleur étouffante et les pluies de la mousson à venir. Leurs habitations, pour la plupart démolies par les eaux, n'ont pas encore été reconstruites.
Les villageois, qui ont perdu tout moyen de subsistance avec la destruction des terres agricoles, sont trop pauvres pour les retaper eux-mêmes. Ils ont juste pu réunir assez d'argent pour aménager des toilettes publiques et un réservoir d'eau.
Son voeu pourrait être exaucé. La Fondation Alkhidmat, une ONG pakistanaise, envisage de construire 30 logements dans le village.
Le Pakistan, cinquième pays le plus peuplé au monde, qui figure parmi les plus menacés par les phénomènes météorologiques extrêmes, a lié ces inondations au dérèglement climatique.
Le gouvernement a présenté en début d'année un "Plan de redressement, de réhabilitation et de reconstruction résilients", dont le coût est estimé à 16,3 milliards de dollars.
Il a obtenu plus de 9 milliards de dollars de promesses d'aides internationales dédiées à la reconstruction.
Le plan est à moyen terme. Mais un an après les inondations, il n'existe encore que sur le papier. Sur le terrain, l'adaptation au changement climatique reste une réalité très distante.
À Dadu, comme un peu partout dans la province du Sind, encore partiellement inondée, l'absence des autorités est dénoncée par la population qui, sans avoir conscience du réchauffement, comprend l'urgence à laquelle elle fait face.
Le Pakistan est empêtré dans une double crise politique et économique qui gèle toute initiative publique. Mais ses faiblesses structurelles - la mauvaise gouvernance et la corruption - sont aussi à pointer du doigt.
La fondation devrait à terme ériger 80 maisons dans le village de Bari Baital, qui est resté recouvert par l'eau jusqu'à la fin novembre et où le réseau électrique n'a pas été réparé. Mais cela ne suffira pas à loger le millier d'habitants.
Pour les rendre plus résistantes à de futures inondations, les maisons reconstruites par l'ONG sont surélevées sur un socle en briques. Les murs sont maçonnés avec un ciment censé mieux protéger contre l'eau, et le toit est fait de béton armé.
Nous n'avons déjà pas les moyens de reconstruire nos maisons ici, alors comment pourrions-nous nous permettre d'acheter une terre ailleurs ?
Prisée des touristes pour ses paysages enchanteurs, la vallée de Swat, dans le nord-ouest du pays, avait aussi subi l'été dernier des dégâts massifs.
Des centaines d'hôtels, restaurants, commerces et habitations juchés sur les berges de la rivière Swat avaient été détruits ou endommagés par sa crue.
Mais l'interdiction est loin d'être respectée. À Bahrain, petite station de montagne dont la partie basse avait été submergée par l'eau, nombre de magasins, restaurants et hôtels sont rénovés ou reconstruits à quelques mètres de la rivière. Même la mosquée a été rebâtie sur son ancien emplacement. Un gérant d'hôtel, Zafar Ali a observé que:
Les gens se livrent à des constructions illégales la nuit les week-ends, mais (les autorités) n'y prêtent aucune attention. Leur silence laisse perplexe.
Son établissement, qui a été fortement endommagé, est en cours de reconstruction. Il est situé à peine à une vingtaine de mètres du cours d'eau, mais dans une zone autorisée, jure-t-il.
Il a tout de même fait doubler de hauteur le mur de protection sur la berge. Mais déplacer l'hôtel ailleurs n'a pas été envisagé, sa situation en bord de rivière garantissant la prospérité de l'affaire, il justifie par:
Les touristes veulent pouvoir ouvrir leurs fenêtres et voir la rivière dehors. Les hôtels qui sont construits plus loin ont du mal à couvrir leurs dépenses.
À Swat aussi on dénonce l'inaction des autorités. La route principale qui longe la rivière a été rouverte, mais des tronçons entiers de bitume sont toujours arrachés.
Les hôteliers, restaurateurs et commerçants disent ne pas avoir été dédommagés. Seules certaines personnes ayant perdu leurs maisons ont reçu une compensation de 400.000 roupies (1.300 euros), très insuffisante toutefois pour pouvoir rebâtir.
Muhammad Ishaq, un tailleur de Bahrain, a vu sa maison engloutie par les flots. Il n'a toujours pas été indemnisé et a dû aller habiter chez son père, un peu plus haut sur la montagne.