Nord du Nigeria: des habitants sous le choc, après un enlèvement de masse dans une école

12:3413/03/2024, mercredi
MAJ: 13/03/2024, mercredi
AFP
Vue générale d'une salle de classe de l'école de Kuriga, le 8 mars 2024, où plus de 250 élèves ont été enlevés par des hommes armés.
Crédit Photo : HAIDAR UMAR / AFP
Vue générale d'une salle de classe de l'école de Kuriga, le 8 mars 2024, où plus de 250 élèves ont été enlevés par des hommes armés.

"Nous avons d'abord cru qu'il s'agissait de militaires et nous avons commencé à les saluer et à crier 'Dieu soit avec vous'", se souvient Maryam Usman, 11 ans. Elle a ensuite compris au premier coup de feu tiré en l'air qu'il s'agissait en réalité de bandits.

La jeune fille et les autres élèves de l'école de Kuriga dans le nord-ouest du Nigeria venaient à peine d'entrer dans leurs salles de classe jeudi matin aux alentours de 8h00, lorsque des dizaines d'hommes armés sont entrés dans l'établissement situé dans un village agricole à 100 km de la ville de Kaduna, d'après le récit de plusieurs témoins.


Maryam Usman a réussi à fuir rapidement, ce qui n'a pas été le cas pour tous ses camarades. Ce jour-là, plus de 280 élèves ont été emmenés de force par le groupe de bandits sur les 1.000 enfants et jeunes adultes présents.

Il s'agit du dernier enlèvement de masse en date dans le pays le plus peuplé d'Afrique, où les bandits, adeptes des enlèvements contre rançon, ciblent régulièrement les écoles, les lieux de culte ou les autoroutes.


L'école de Kuriga est divisée en deux, entre l'enseignement primaire et secondaire qui se partagent des blocs de bâtiments non clôturés avec des salles de classe en mauvais état.

Lors des détonations d'armes à feu, certains, dont Maryam Usman, se sont réfugiés à l'intérieur de maisons avoisinantes, mais les assaillants les ont poursuivis et traînés dehors à coups de pied et de fouet, d'après la jeune fille.


En sanglots devant son domicile, Maryam Usman raconte:


L'un des hommes a attrapé mon voile et a commencé à me traîner par terre. J'ai réussi à enlever mon voile et à m'enfuir.

Mustapha Abubakar, 18 ans, fait partie des centaines de personnes capturées par les assaillants et emmenées dans la forêt. Mais le lycéen a réussi à s'échapper.


Enlèvement et violence


"Nous avons marché pendant des heures sous une chaleur torride, jusqu'à ce que nous soyons tous épuisés et assoiffés"
, a confié le jeune homme encore traumatisé.

Selon lui, les bandits ont kidnappé plus de filles que de garçons.

À trois reprises, un avion de chasse les a survolés, mais à chaque fois, leurs ravisseurs leur ont demandé de s'allonger sur le sol et ordonné d'enlever leurs chemises blanches d'écolier pour ne pas se faire remarquer.


Mustapha Abubakar s'inquiète:


J'ai encore des hallucinations la nuit. Je n'arrête pas d'entendre des bruits de motos à l'extérieur de ma maison, comme s'ils (les bandits) venaient m'enlever.

Au moment de l'attaque, Jibril Ahmad, membre de la force de protection communautaire du village, dit s'être emparé de son fusil de chasse pour affronter les assaillants avec d'autres membres de cette force d'autodéfense.


"L'un d'entre nous a été tué d'une balle dans la tête, tandis qu'un autre a été blessé à la jambe"
, a-t-il indiqué.

Impuissants


Plusieurs parents ont assisté impuissants à l'attaque de l'école, suppliant les agresseurs d'épargner leurs enfants.


"Nous ne pouvions rien faire"
et maintenant
"nous ne savons pas ce que nos enfants endurent",
se lamente Amina Abdullahi aux abords de la maison du chef du village. Ses deux enfants ont été enlevés.

"Ils ont fait sortir les enfants de l'école pour les emmener dans la brousse, comme des bergers avec leur bétail",
a déclaré le gardien de l'école Abdullahi Musa, 76 ans, qui a lui-même été enlevé dans sa ferme à l'extérieur de Kuriga par les bandits, et libéré deux jours avant l'enlèvement de masse.

Sani Hassan, un enseignant, prenait son petit-déjeuner dans un restaurant situé près de l'école lors de l'attaque de son établissement.


Il a vu au loin l'un de ses collègues être emmené avec
"un grand nombre d'élèves". "J'étais dans un état de sidération, et j'ai regardé avec horreur. C'était surréaliste".

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