"Nous avons d'abord cru qu'il s'agissait de militaires et nous avons commencé à les saluer et à crier +Dieu soit avec vous+", se souvient Maryam Usman, 11 ans. Elle a ensuite compris au premier coup de feu tiré en l’air qu’il s’agissait en réalité de bandits.
La jeune fille et les autres élèves de l’école de Kuriga dans le nord-ouest du Nigeria venaient à peine d’entrer dans leurs salles de classe jeudi matin aux alentours de 8h00, lorsque des dizaines hommes armés sont entrés dans l’établissement situé dans un village agricole à 100 km de la ville de Kaduna, d’après le récit de plusieurs témoins.
Il s’agit du dernier enlèvement de masse en date dans le pays le plus peuplé d'Afrique, où les bandits adeptes des enlèvements contre rançon, ciblent régulièrement les écoles, les lieux de cultes ou les autoroutes.
L'école de Kuriga est divisée en deux, entre l’enseignement primaire et secondaire qui se partagent des blocs de bâtiments non clôturés avec des salles de classe en mauvais état.
Lors des détonations d'armes à feu, certains dont Maryam Usman se sont réfugiés à l'intérieur de maisons avoisinantes, mais les assaillants les ont poursuivis et traînés dehors à coups de pied et de fouet, d'après la jeune fille.
Enlèvement et violence
Mustapha Abubakar, 18 ans, fait partie des centaines de personnes capturées par les assaillants et emmenées dans la forêt. Mais le lycéen a réussi à s'échapper.
Selon lui, les bandits ont kidnappé plus de filles que de garçons.
À trois reprises, un avion de chasse les ont survolés, mais à chaque fois, leurs ravisseurs leur ont demandés de s'allonger sur le sol, et ordonné d'enlever leurs chemises blanches d'écolier pour ne pas se faire remarquer.
Au moment de l'attaque, Jibril Ahmad, membre de la force de protection communautaire du village, dit s’être emparé de son fusil de chasse pour affronter les assaillants avec d'autres membres de cette force d’autodéfense.
Impuissants
Plusieurs parents ont assisté impuissants à l’attaque de l’école, suppliant les agresseurs d'épargner leurs enfants.
Sani Hassan, un enseignant, prenait son petit-déjeuner dans restaurant situé près de l'école lors de l'attaque de son établissement.