Nord du Nigeria: des habitants sous le choc, après un enlèvement de masse dans une école

14:1510/03/2024, Pazar
AFP
Des manifestants se rassemblant devant l'Assemblée nationale du Nigeria pour exiger du gouvernement qu'il obtienne la libération de 29 étudiants toujours en captivité après un raid en mars sur un collège dans l'État de Kaduna, au nord-ouest du pays.
Crédit Photo : John OKUNYOMIH / AFPTV / AFP
Des manifestants se rassemblant devant l'Assemblée nationale du Nigeria pour exiger du gouvernement qu'il obtienne la libération de 29 étudiants toujours en captivité après un raid en mars sur un collège dans l'État de Kaduna, au nord-ouest du pays.

"Nous avons d'abord cru qu'il s'agissait de militaires et nous avons commencé à les saluer et à crier +Dieu soit avec vous+", se souvient Maryam Usman, 11 ans. Elle a ensuite compris au premier coup de feu tiré en l’air qu’il s’agissait en réalité de bandits. 

La jeune fille et les autres élèves de l’école de Kuriga dans le nord-ouest du Nigeria venaient à peine d’entrer dans leurs salles de classe jeudi matin aux alentours de 8h00, lorsque des dizaines hommes armés sont entrés dans l’établissement situé dans un village agricole à 100 km de la ville de Kaduna, d’après le récit de plusieurs témoins. 


Maryam Usman a réussi à fuir rapidement, ce qui n’a pas été le cas pour tous ses camarades.
Ce jour-là, plus de 280 élèves ont été emmenées de force par le groupe de bandits sur les 1.000 enfants et jeunes adultes présents. 

Il s’agit du dernier enlèvement de masse en date dans le pays le plus peuplé d'Afrique, où les bandits adeptes des enlèvements contre rançon, ciblent régulièrement les écoles, les lieux de cultes ou les autoroutes.


L'école de Kuriga est divisée en deux, entre l’enseignement primaire et secondaire qui se partagent des blocs de bâtiments non clôturés avec des salles de classe en mauvais état. 


Lors des détonations d'armes à feu, certains dont Maryam Usman se sont réfugiés à l'intérieur de maisons avoisinantes, mais les assaillants les ont poursuivis et traînés dehors à coups de pied et de fouet, d'après la jeune fille.


"L'un des hommes a attrapé mon voile et a commencé à me traîner par terre. J'ai réussi à enlever mon voile et à m'enfuir",
a raconté Maryam Usman en sanglots devant son domicile. 

Enlèvement et violence


Mustapha Abubakar, 18 ans, fait partie des centaines de personnes capturées par les assaillants et emmenées dans la forêt. Mais le lycéen a réussi à s'échapper. 


"Nous avons marché pendant des heures sous une chaleur torride, jusqu'à ce que nous soyons tous épuisés et assoiffés",
a confié le jeune homme encore traumatisé. 

Selon lui, les bandits ont kidnappé plus de filles que de garçons. 


À trois reprises, un avion de chasse les ont survolés, mais à chaque fois, leurs ravisseurs leur ont demandés de s'allonger sur le sol, et ordonné d'enlever leurs chemises blanches d'écolier pour ne pas se faire remarquer. 


"J'ai encore des hallucinations la nuit. Je n'arrête pas d'entendre des bruits de motos à l'extérieur de ma maison, comme s'ils (les bandits) venaient m'enlever",
s'inquiète Mustapha Abubakar. 

Au moment de l'attaque, Jibril Ahmad, membre de la force de protection communautaire du village, dit s’être emparé de son fusil de chasse pour affronter les assaillants avec d'autres membres de cette force d’autodéfense. 


"L'un d'entre nous a été tué d'une balle dans la tête, tandis qu'un autre a été blessé à la jambe",
a-t-il indiqué. 

Impuissants


Plusieurs parents ont assisté impuissants à l’attaque de l’école, suppliant les agresseurs d'épargner leurs enfants.


"Nous ne pouvions rien faire"
et maintenant
"nous ne savons pas ce que nos enfants endurent",
se lamente Amina Abdullahi aux abords de la maison du chef du village. Ses deux enfants ont été enlevés. 

"Ils ont fait sortir les enfants de l'école pour les emmener dans la brousse, comme des bergers avec leur bétail",
a déclaré le gardien de l’école Abdullahi Musa, 76 ans, qui a lui-même été enlevé dans sa ferme à l'extérieur de Kuriga par les bandits, et libéré deux jours avant l'enlèvement de masse. 

Sani Hassan, un enseignant, prenait son petit-déjeuner dans restaurant situé près de l'école lors de l'attaque de son établissement. 


Il a vu au loin l'un de ses collègues être emmené avec
"un grand nombre d'élèves".
"J'étais dans un état de sidération, et j'ai regardé avec horreur. C'était surréaliste".

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