Galoper à travers Mogadiscio: le "rêve" éveillé de la première cavalière somalienne

10:5223/01/2025, Perşembe
AFP
Shukri Osman Muse (à gauche), la première femme cavalière de Mogadiscio, monte son cheval tandis qu'un groupe d'enfants caresse curieusement l'animal, à Mogadiscio, le 17 janvier 2025.
Crédit Photo : Hassan Ali Elmi / AFP
Shukri Osman Muse (à gauche), la première femme cavalière de Mogadiscio, monte son cheval tandis qu'un groupe d'enfants caresse curieusement l'animal, à Mogadiscio, le 17 janvier 2025.

Apercevoir une haute silhouette noire chevauchant un destrier dans les rues de Mogadiscio, plutôt embouteillées de bruyants tuk-tuks et de motos, est une vision pour le moins inhabituelle. Elle l'est d'autant plus lorsque le cavalier est une cavalière.

Dans ce pays musulman très conservateur de la Corne de l'Afrique, Shukri Osman Muse s'enorgueillit d'être
"la première cavalière du pays"
.
"C'était mon rêve depuis des années"
, raconte-t-elle à l'AFP.

Quelques minutes plus tôt, cette femme de 25 ans galopait sur son cheval alezan à travers le centre-ville de la capitale somalienne, vêtue d'un chapeau de cow-boy noir assorti à sa longue abaya couvrante, contrastant avec ses larges lunettes de soleil roses.


Bien qu'elle ne soit montée pour la première fois sur un cheval qu'à la mi-année dernière, cette sportive aspire désormais à rejoindre la fédération équestre somalienne pour représenter son pays à l'international.

Pour réaliser son rêve, Mme Muse raconte avoir
"persévéré et dépassé"
de nombreux obstacles.

"Au départ, je ne savais même pas où trouver un cheval",
dit-elle. Après plusieurs mois d'entraînement intensif, elle se dit
"maintenant très heureuse d'être devenue une cavalière expérimentée",
propriétaire d'un
"adorable"
cheval, ajoute-t-elle.

Sur sa route se sont aussi dressés traditions et stéréotypes liés au genre, dans cet État très religieux.


Elle déclare:


Je voulais montrer à tout le monde qu'il est tout à fait normal pour les femmes de faire du cheval, et que c'est permis par notre religion.

Son entraîneur, Yahye Moallim Isse, affirme que
"sa réussite est une inspiration pour tous les Somaliens",
tandis que sa sœur, Nadifo Osman Muse, raconte que le business familial, un salon de beauté dans lequel travaille aussi la cavalière, bénéficie même de son hobby.

Les clients "adorent prendre des photos" avec le cheval, ajoute la sœur.
"Nous sommes immensément fiers."

"Un testament de la paix retrouvée"


Pour certains résidents qui ont vu Shukri Osman Muse sillonner les rues avec aplomb, cette vision illustre la paix qui revient petit à petit à Mogadiscio, considérée par le passé comme la ville la plus dangereuse du monde.


La Somalie peine à se remettre des décennies de guerre civile, qui ont ravagé le pays et fait exploser la pauvreté. L'État fédéral fait face aujourd'hui à l'insurrection des terroristes shebab ainsi qu'à de fréquentes catastrophes climatiques.

Abdifatah Abdi Haji Nur est récemment revenu vivre dans la capitale somalienne après des années à l'étranger,
"parce que la ville est sûre à nouveau".
Il affirme:

Voir une femme faire du cheval dans la capitale est un testament de la paix retrouvée.

Mohamed Adam Hassan, quant à lui, était ce jour-là l'un des nombreux passants – et même un policier – qui saluent ou souhaitent prendre une photo de Mme Muse lors de sa cavalcade.

"Cela me donne envie d'apprendre moi-même à faire du cheval et peut-être d'arrêter les tuk-tuks",
dit-il.


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