Crédit Photo : KIM MASARA / AFP
Cette image tirée d'une vidéo de l'AFPTV prise dans le village de Maiyanga, dans le gouvernement local de Bokkos, le 27 décembre 2023.
Des hommes armés ont tué au moins 8 personnes et enlevé environ 150 villageois dans le centre du Nigeria, a appris lundi l'AFP auprès des autorités locales, dernier enlèvement de masse en date dans ce pays fréquemment touché par ce type d'attaques.
Lors de ce raid, survenu vendredi soir dans le village de Kuchi, dans l'État du Niger, les assaillants à moto ont tué huit personnes et
"enlevé environ 150 villageois"
, a dit à l'AFP le président du gouvernement local, Aminu Najume.
"Chaque moto transportait trois hommes",
a-t-il précisé, ajoutant qu
'"aucune aide n'est venue pendant les trois heures qu'a duré leur opération dans le village".
Une source au sein des Nations Unies a confirmé ce bilan et l'agence nigériane des secours, la SEMA, a évoqué
"plus de 100 personnes enlevées".
Il est souvent difficile d'évaluer précisément le nombre de personnes kidnappées lors de ce type d'attaques, des habitants se cachant parfois pendant plusieurs jours dans la brousse pour échapper aux ravisseurs.
Les enlèvements massifs contre rançon sont fréquents dans les États du nord-ouest, du centre et du nord-est du Nigeria, où des gangs lourdement armés ciblent souvent des villages isolés pour piller et enlever les habitants.
Boko Haram et son rival Daesh en Afrique de l'Ouest procèdent aussi régulièrement à des enlèvements de masse au Nigeria, principalement dans le nord-est, mais ils ont peu à peu élargi leur périmètre à des États du nord-ouest et du centre, comme l'État du Niger.
Cet État est l'un des nombreux États du nord-ouest et du centre du Nigeria terrorisés depuis des années par les groupes criminels, nés entre autres de conflits opposant les éleveurs et les agriculteurs, les seconds accusant les premiers de saccager leurs terres avec leur bétail.
Ces conflits ont dégénéré en une criminalité plus large, en particulier dans les zones où l'autorité étatique est peu présente.
Au Nigeria, les groupes criminels ("bandits") sont motivés par l'appât du gain, mais les experts s'inquiètent d'une alliance avec les jihadistes présents dans le nord, qui mènent une insurrection vieille de plus de 15 ans, ayant causé plus de 40.000 morts.
Dix ans après l'enlèvement de plus de 200 lycéennes à Chibok dans le nord-est du Nigeria, le pays fait face à une résurgence des enlèvements de masse en raison de la crise économique que traverse le pays, selon certains experts, et malgré les promesses du président Bola Ahmed Tinubu, au pouvoir depuis un an, de s'attaquer à l'insécurité.
Les données sur les enlèvements sont peu fiables car tous ne sont pas déclarés, mais la société nigériane de conseil en gestion des risques SBM Intelligence a déclaré avoir recensé 4.777 personnes enlevées entre l'entrée en fonction de Bola Ahmed Tinubu en mai 2023 et février 2024.
Selon Aminu Najume, les forces de sécurité nigérianes ont échoué à mettre un terme aux raids de ce type. Il a expliqué:
Ces tueurs viennent généralement de l'État voisin de Kaduna pour commettre leurs exactions dans l'État du Niger, puis repartent.
"Ils viennent par centaines sans que les personnels de sécurité ne les remarquent, et quand les habitants les alertent du danger, ils ne font rien",
a-t-il ajouté.
Parmi les huit personnes tuées, quatre étaient des villageois et les quatre autres étaient des
des membres des forces d'autodéfense locales.
De nombreuses communautés du nord-ouest du Nigeria ont formé des forces d'autodéfense pour lutter contre les bandits dans les régions reculées où l'État est peu présent.
Amnesty International a réagi dimanche sur X à cette attaque en estimant que l'assaut contre le village par des
"hommes armés est une nouvelle preuve de l'incapacité totale des autorités nigérianes à protéger les vies".
Selon l'ONG,
"les autorités nigérianes ont laissé les communautés rurales de l'État du Niger à la merci des hommes armés qui tuent et enlèvent des gens quotidiennement".
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