Crédit Photo: FREDERICK FLORIN / AFP
La résolution du parlement européen adoptée, jeudi 11 mai, appelant les "autorités algériennes à libérer le journaliste Ihsane El-Kadi et toutes les personnes détenues arbitrairement" et dénonçant "les atteintes aux libertés dans le pays" suscite une véritable levée de boucliers en Algérie.
Les deux chambres du parlement et l'agence de presse officielle, l'APS ont vivement réagi en condamnant
"une immixtion éhontée dans les affaires internes du pays"
.
La résolution du parlement européen a été votée par 536 voix pour, 4 contre et 18 abstentions.
La première réaction algérienne est venue de l'Assemblée populaire nationale (APN) qui a condamné, dans un communiqué, cette résolution
"au contenu infondé et erroné"
.
"Nous avons pris connaissance avec une profonde indignation de la résolution du Parlement européen sur la liberté d'expression et de la presse en Algérie"
, a estimé l'APN, jugeant que ce document reprenait des éléments
"totalement infondés, erronés, et loin de la vérité sur la situation en Algérie où la scène médiatique connaît une dynamique, une ouverture et une liberté".
La même source a mis en avant le caractère
"souverain des décisions et positions de l'Algérie"
qui, a ajouté le document,
"croit en le principe d'égal à égal dans ses relations avec les pays du monde, y compris l'Union européenne, et ne tolère d'aucune manière la politique des deux poids deux mesures qui sert des agendas connus de tous"
.
L'APN a, en outre, exprimé,
"son extrême étonnement"
de l'attitude du Parlement européen qui a
"ignoré le canal direct de communication entre les deux instances",
à savoir
"la Commission parlementaire mixte Algérie-UE".
Pour sa part, le Sénat algérien, chambre haute du parlement, a fustigé, dans son communiqué, ce qu'il considère comme
"une flagrante contrevérités véhiculées sous le couvert des principes du Droit international, ce qui constitue une immixtion éhontée dans les affaires internes d'un État souverain".
Cette chambre a exprimé aussi
"son rejet catégorique de cette résolution"
et
"a fustigé une bévue récurrente du Parlement européen qui vient de rendre public, sans scrupules, sous couvert du Droit international et des principes moraux, un communiqué tronqué de contrevérités éhontées"
.
"Cette dépravation et ce dérapage dangereux, rejetés, représentent une immixtion récurrente dans les affaires internes d'un État souverain. Il s'agit, en fait, d'un déchainement de parties malveillantes qui ont, toujours, instrumentalisé cette institution, la dénuant de toute crédibilité auprès des âmes éprises de liberté de par le monde",
a indiqué le Sénat algérien.
Exprimant également la position officielle des autorités algériennes, l'agence de presse algérienne, l'APS, a produit une longue dépêche dans laquelle elle a affirmé que le
"Parlement européen a voté, jeudi, une résolution qui ajoute une couche sombre à sa crédibilité déjà bien entachée par les scandales de corruption qui ont touché plusieurs de ses députés".
Le texte de l'APS, a soutenu que
"l'affaire El Kadi Ihsane n'est pas liée à la liberté de la presse, il s'agit d'un délit de droit commun"
.
"Cette institution européenne, déchue de son piédestal par les affaires de corruption, prouve encore une fois, qu’elle n’a pas encore réussi à se défaire de l’emprise des faux menteurs et des corrupteurs qui dictent leurs ordres à des élus européens adeptes de villégiatures aux frais de leurs mentors"
, a écrit aussi l'agence.
Pour rappel, Ihsane El Kadi est un journaliste et directeur d'un groupe médiatique mis sous scellés depuis quelques semaines. Arrêté et placé sous mandat de dépôt depuis le 29 décembre 2022, il a été jugé, officiellement, pour
"avoir accepté des financements étrangers pour sa Web Radio, Radio Maghreb"
. Il a été condamné
," le 2 avril dernier en première instance, à 5 ans de prison, dont trois ans ferme"
. Son procès en appel est prévu la semaine prochaine.
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