France: l'État condamné pour faute dans l'affaire à l'origine du procès Dupond-Moretti

17:4716/01/2025, Perşembe
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L'ancien ministre de Justice, Éric Dupond-Moretti.
Crédit Photo : LUDOVIC MARIN / AFP
L'ancien ministre de Justice, Éric Dupond-Moretti.

Le tribunal administratif de Paris a estimé jeudi que l'État français avait "commis une faute" lorsque l'ex-ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti avait mis en cause publiquement deux magistrats du parquet national financier (PNF) en 2020.

Jugé par la Cour de Justice de la République (CJR, compétence pour juger les crimes ou délits commis par les membres du gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions) pour prise illégale d'intérêt dans cette affaire en novembre 2023, Eric Dupond-Moretti avait été relaxé.


Le tribunal administratif a condamné jeudi l'Etat à verser 15.000 euros à Ulrika Delaunay-Weiss et 12.000 euros à Patrice Amar, deux des trois magistrats du PNF contre lesquels M. Dupond-Moretti, fraîchement nommé ministre, avait ouvert des enquêtes administratives alors qu'il avait eu des différends avec eux quand il était avocat. 

L'ouverture de ces enquêtes avait été annoncée dans un communiqué de presse où leurs noms figuraient, choquant le monde de la magistrature. 


Dans sa décision, le tribunal administratif met en avant que le communiqué et les justifications du ministre en public et dans les médias
"étaient matériellement inexacts",
mettaient
"en cause leur éthique professionnelle"
et avaient ainsi
"porté atteinte à la réputation professionnelle des intéressés".

Me Marie Lhéritier, avocate des deux magistrats, s'est réjouie:


Plus de quatre ans après les faits, une décision de justice sanctionne enfin les graves fautes commises par Eric Dupond-Moretti.

En juin 2020, alors qu'Eric Dupond-Moretti était l'avocat le plus célèbre de France, on avait appris que le PNF avait fait éplucher ses factures téléphoniques et celles d'autres avocats, pour tenter de débusquer une éventuelle taupe qui aurait informé l'ex-président Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog qu'ils étaient sur écoute dans une affaire de corruption.


Eric Dupond-Moretti avait dénoncé une
"enquête barbouzarde",
un basculement dans
"la République des juges"
, et porté plainte.

Face à l'
"émoi"
, la ministre de la Justice d'alors, Nicole Belloubet, avait lancé une
"inspection de fonctionnement"
sur l'enquête du PNF.

Entre-temps, en juillet 2020 et à la surprise générale, Eric Dupond-Moretti avait été nommé ministre. Malgré les alertes d'un risque
"évident"
de conflit d'intérêt par les syndicats de magistrats, c'est lui qui avait reçu les conclusions de l'inspection.

Le rapport ne pointait aucune faute disciplinaire mais le ministre avait ordonné une enquête administrative pour rechercher d'éventuels manquements individuels.


Les trois magistrats visés avaient finalement été blanchis de toute faute disciplinaire.


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