ÉDITION:

La propagande arménienne sur la situation au Karabagh: Analyse et réflexion

David Bizet
17:4029/09/2023, vendredi
MAJ: 26/04/2024, vendredi
Yeni Şafak
Le président arménien Nikol Pachinian, le 24/09/2023 à Erevan. Crédit Images : AA
Le président arménien Nikol Pachinian, le 24/09/2023 à Erevan. Crédit Images : AA

A l'heure où les séparatistes de l'autoproclamée "République de l'Artsakh" se sont rendus aux autorités légitimes du Karabagh, la propagande victimaire arménienne ne faiblit pas. Focus sur une stratégie bien rodée.

La région du Karabagh, également connue sous le nom de Haut-Karabagh, reconnue par deux décisions internationales comme étant partie intégrante de l'Azerbaïdjan, est depuis longtemps au cœur de tensions et de conflits entre ce pays turcophone et l'Arménie. En 2020, après une période de 28 ans marquée par l'échec de la diplomatie internationale, du processus de Minsk, et de toute initiative pacifiste pour faire appliquer le droit international, l'Azerbaïdjan a repris le contrôle de certaines parties du territoire du Karabagh lors d'une campagne militaire qui dura 44 jours, avant de reprendre le contrôle total lors d'une opération antiterroriste la semaine passée. Dans ce contexte, la propagande arménienne pour culpabiliser l'Azerbaïdjan aux yeux de l'opinion publique internationale joue un rôle significatif.


Une propagande médiatique hors-sol


La propagande arménienne, en tant qu'outil de communication pour influencer l'opinion publique en faveur de ses intérêts, peut prendre de nombreuses formes, y compris des discours, des vidéos, des images, des articles de presse et des publications sur réseaux sociaux. Dans le contexte de la situation au Karabagh, la propagande arménienne se manifeste principalement à travers ces canaux.


Mais ce qui rend la propagande arménienne unique, c'est le fait qu'elle soit portée presque de manière exclusive par des personnes qui ne se trouvent pas en Arménie, et qui parfois ne sont même pas arméniennes. Cette fois, toutes les caméras du monde étant présentes, c'est devenu trop visible pour ne pas en parler, et cela à toutes les étapes de cette énième crise caucasienne.


Ainsi, quand le Premier ministre arménien a accepté la défaite de son armée lors de la guerre de 2020 et déclaré publiquement ne pas soutenir les séparatistes de l'autoproclamée "République de l'Artsakh", les propagandistes arméniens, bien installés à Paris ou à New York, appelaient le monde à soutenir les terroristes pour
"sauver le peuple arménien"
.

Une fois l'opération terroriste terminée et les troupes azerbaïdjanaises investies dans les monts surplombant Khankhendi, Stepanakert pour la presse internationale hors-sol, le Premier ministre arménien affirmait en direct à la télévision arménienne que les populations arméniennes n'étaient pas en danger au Karabagh. Les Russes confirmèrent cet état de fait, se portant garant de la sécurité des populations arméniennes. Malgré cela, les sécessionnistes ayant signé un accord de "départ volontaire" quand ils déposaient les armes, plusieurs dizaines de milliers d'Arméniens prirent la direction de l'Arménie, sans aucun incident.
"Nous partons mais nous ne savons pas pourquoi, nous reviendrons"
dit l'un.
"Les séparatistes nous ont dit de partir"
dit un autre. Et tout cela filmé par des chaines d'information allemandes ou russes. Devant ces faits, nous retrouvons la propagande arménienne sur les réseaux sociaux et plateaux télévisés occidentaux:
"Un autre génocide contre les Arméniens qui sont forcés de quitter leur terre"
.

N'est-ce pas étonnant de voir ces personnes, pour la plupart issues de la diaspora arménienne, et notamment celles de France et des États-Unis qui sont les plus virulentes, s'attrister d'un pays dans lequel ils ne vivent pas et ne veulent pas vivre, tout en demandant de le défendre alors qu'eux sont bien installés sur leur canapé ? N'est-ce pas troublant de voir la députée française Valérie Boyer plus affectée par le sort de séparatistes terroristes que pour les Français de France ?


Manipulation de l'histoire et des images


Une autre caractéristique de la propagande arménienne est la manipulation d'images et celle du narratif historique des photos et des vidéos qui sont parfois éditées pour déformer la réalité sur le terrain. Des images choquantes sont largement partagées sur les réseaux sociaux pour émouvoir le public et attirer l'attention sur le Karabagh.


La propagande arménienne s'appuie également sur une manipulation d'un narratif historique complexe. Elle met en avant les évènements tragiques de 1915, où des centaines de milliers d'Arméniens ont été tués, pour justifier sa position sur le Karabagh, expliquant que les Azerbaïdjanais veulent rayer l'Arménie de la carte. Les partisans de l'Arménie considèrent souvent le Karabagh comme une terre ancestrale et se réfèrent à l'histoire pour revendiquer leur droit à la région. Ils oublient cependant de dire que c'était une terre administrée par des pouvoirs musulmans de manière ininterrompue, du XIVe au XIXe siècle, et la manière dont ils ont expulsé de cette même terre ancestrale près d'un million d'Azerbaïdjanais dans les années 1990.


Une posture victimaire


L'un des piliers de la propagande arménienne est la représentation de l'Arménie en tant que victime perpétuelle des Turcs: les méchants Turcs ont conquis l'Arménie, les méchants Turcs ont converti à l'Islam la plupart des populations arméniennes, les méchant Turcs ont génocidé les Arméniens, et maintenant ils veulent finir le travail au Karabagh. C'est en substance l'argumentaire des "militants" soutenant les prétentions arméniennes.


Cette image de l'Arménie en tant que nation opprimée et souffrante vise à susciter la sympathie internationale, notamment de l'Occident chrétien. Cette stratégie a réussi à mobiliser un certain soutien international en faveur de l'Arménie, notamment en France où la reconnaissance du prétendu génocide arménien est devenu un enjeu national.


De même, la stratégie de diabolisation des Turcs et des Azerbaïdjanais vise à accentuer cette polarisation et renforcer les sentiments anti-azerbaïdjanais. Cependant, elle complique les efforts de médiation et de paix.


Hélas pour les propagandistes arméniens, dans un contexte d'Occident en déclin et sécularisé, où la Türkiye a pris une place centrale au Moyen-Orient, la mayonnaise ne prend plus. Et, les instances internationales doivent désormais s'en tenir aux faits qui ne sont pas favorables aux revendications arméniennes.


A défaut de construire l'avenir, la propagande victimaire arménienne hors-sol vit dans un passé chimérique. Il ne lui reste plus que quelques plateaux TV en Europe et les réseaux sociaux si perméables aux fake news pour étayer ses revendications. Turcs et Arméniens étant condamnés à être voisins et à surmonter ensemble les enjeux d'une paix durable, les propagandistes victimaires hors-sol devraient avoir vocation à disparaître en rentrant dans le rang.


Leur rancœur pour une époque qu'ils n'ont pas connu et leur entêtement face à la dure réalité des faits résonneront tel l'aboiement des chiens lorsque la caravane passe.


David Bizet


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