France: Nouvelle offensive prévue contre la communauté musulmane à l'approche des JO

La rédaction
11:205/03/2024, mardi
MAJ: 5/03/2024, mardi
Yeni Şafak
Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
Crédit Photo : Ludovic MARIN / AFP
Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

L'Etat français s'apprête, à l'approche des JO 2024, à intensifier sa lutte contre la communauté musulmane, sous couvert de lutte contre "le repli communautaire, le séparatisme et la radicalisation".

Alors que la communauté musulmane de France, la plus nombreuse et la plus discriminée en Occident, s'apprête à accueillir le mois de Ramadan, le ministère de l'Intérieur a informé qu'une CLIR, "cellule nationale de lutte contre l'islamisme et le repli communautaire", traitant de la
"radicalisation"
dans le sport va prochainement se réunir.

Celle-ci sera pilotée par le CIPDR, officiellement Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, outil de la propagande et de l'oppression islamophobe en France, mais également coquille vide épinglée récemment par un rapport de la Cour des comptes sur son inefficacité.



Détourner l'opinion à l'approche des JO ?


Officiellement, pour le ministère de l'Intérieur, l'objectif du déploiement de la CLIR sur le sport est de
"mettre cette problématique de l'islamisme et du repli communautaire dans l'esprit de chacun à l'occasion des JO"
. La CLIR entend ainsi instaurer une veille plus opérationnelle et des contrôles plus fréquents sur le
"voile islamique", "l'honorabilité de l'encadrement sportif", "les clubs non-mixtes", "les horaires aménagés"
et...
"les dispenses de sport délivrées aux jeunes musulmanes"
.
De manière très assumée, la cible de cette cellule de l'Etat n'est ni plus ni moins que la pratique visible de l'islam, faisant des musulmans pratiquant des cibles.

Les musulmans visibles dans le viseur du renseignement français


La précédente CLIR qui s'était réunie avait pour objet l'enseignement privé musulman hors-contrat. Avec l'appui juridique de la loi sur le séparatisme, des centaines d'inspections avaient été menées, et des dizaines d'écoles avaient été contraintes par l'Etat de fermer, sous des motifs très souvent fallacieux.


L'UCLAT, Unité de coordination de la lutte antiterroriste, confirmait dans une note qu'elle n'observait pas de faits à sanctionner aux structures musulmanes, et que de ce fait elle utilisait des
"subterfuges"
tels que des manquements aux règles d'urbanisme.

Il est donc à craindre que les musulmans pratiquants vont encore faire les frais de la politique islamophobe française.
Dès 2003, le ministère de l'intérieur annonçait surveiller ce qu'il appelait les
"clubs communautaires"
, qui existent pourtant depuis l'après-guerre (clubs affiliés aux communautés portugaises, italiennes, etc.)

Le renseignement français ne va ainsi pas s'attarder sur les clubs de sport d'extrême-droite où les membres rêvent d'abolir la République, ni ceux où les membres effectuent des stages commando en Ukraine.
Il va plutôt s'attarder sur les
"clubs de football où la prière interrompt l'entraînement"
,
"les cours de remise en forme pour femmes sans musique"
, mais aussi les clubs
"où le caleçon est de rigueur sous la douche"
. Et surtout, le
"hijab"
que la France a fait bannir pour ses athlètes aux Jeux olympiques. Le ministère des Sport avoue ainsi
"pousser les fédérations à réglementer"
pour son interdiction.

En effet, s'il peut effectivement y avoir de réels cas de radicalisation, à la lecture des critères du Renseignement, il apparaît que l'écrasante majorité des personnes ciblées sont simplement des musulmans pratiquants. La plus banale des banalité dans le monde musulman, qui concerne près de deux milliards de personnes dans le monde, comme le fait de prendre sa douche en caleçon, suffit pour être un potentiel
"radicalisé"
.

La communauté musulmane, bouc-émissaire préféré de la Macronie


Alors qu'Emmanuel Macron avait tenu une posture d'ouverture avec la communauté musulmane lors de sa première campagne à l'élection présidentielle en 2017, déclarant qu'il n'avait pas de problème avec le voile et qu'il constituait un barrage aux idées islamophobes du Rassemblement National, il s'avère que jamais les gouvernements français n'ont été aussi épinglés à l'international pour leur islamophobie institutionnelle que ceux de la Macronie.


Qu'il s'agisse de l'ancien ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, pour qui avoir une trace de prière sur le front ou une barbe était un
"signe de radicalisation"
, de l'actuel locataire de place Beauvau, Gérald Darmanin, auteur de la loi séparatiste et expulseur d'imams sans qu'ils n'aient eu de procès, de Gabriel Attal pour qui le court passage à l'Education nationale a été rythmé par l'interdiction pour les musulmanes de mettre des vêtements couvrant longs (les non-musulmanes, elles, le peuvent), jamais un président n'a procédé à la nomination de ministres aussi à l'ouest sur la question de l'islam en France.

La vie des musulmans sous Macron s'est muée en Inquisition, et ceux-ci n'osent tout simplement pas parler. Des divers témoignages qui nous parviennent nous font état de pressions exercées sur les responsables des lieux de culte qui sont tout simplement réduits au silence sous peine de fermeture administrative de la mosquée.

D'autres nous font état des perquisitions récurrentes des commerces tenus par des musulmans, sous fond d'allégation de
"séparatisme"
. Toute cette invisibilisation de la parole musulmane est connue, documentée par le CCIE et d'autres organismes. D'ailleurs les autorités françaises ont fait fermer les seules associations qui luttaient contre l'islamophobie. Ce silence arrange bien les pouvoirs publics français.

Aussi, lorsque des défenseurs des droits pointent l'attitude de Matignon sur la question, la défense très souvent entendue du ministère est
"la communauté musulmane nous soutient, la preuve, elle n'objecte pas"
. Ce sont d'ailleurs ces propos qu'a tenus l'avocate du ministère de l'Intérieur dans l'affaire de l'expulsion de l'imam Mahjoubi.

Le
"qui ne dit mot consent"
du gouvernement français a tout de même un effet pervers irréversible. De plus en plus de musulmans étouffés par l'atmosphère islamophobe véhiculée tantôt par les médias, tantôt par l'administration, songent à partir.

Et si c'était finalement ce que voulait le gouvernement de Macron ?


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