La justice ivoirienne a suspendu à la dernière minute le congrès du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), principale formation d'opposition du pays, au pouvoir de 1960 à 1999, qui devait élire son nouveau chef samedi.
L'ancien dirigeant du parti, Henri Konan Bédié, président de la Côte d'Ivoire de 1993 à 1999, est mort en août à 89 ans et n'excluait pas de se présenter à la prochaine présidentielle en 2025.
Le juge a déclaré recevable la plainte de deux militants qui dénonçaient des irrégularités sur la liste des congressistes appelés à choisir samedi entre le banquier ivoiro-français Tidjane Thiam et le maire de la commune abidjanaise de Cocody, Jean-Marc Yacé, pour diriger le PDCI.
Cordon policier
Un important cordon policier avait déployé samedi matin devant le quartier général du parti, à Abidjan, empêchant des dizaines de congressistes venus de tout le pays d'entrer. Des policiers étaient également déployés autour de l'hôtel Ivoire où tout avait été préparé pour accueillir le congrès.
Devant le QG, les deux candidats ont tour à tour appelé dans la matinée les militants à rester calmes.
Un message entendu par les militants qui, massés derrière le cordon policier déploraient toutefois cette annulation de dernière minute du congrès.
Opacité
Un troisième candidat, Maurice Kacou Guikahue, avait, lui, annoncé en début de semaine son retrait, déplorant aussi un manque de transparence.
Avec ce congrès, le PDCI espérait rajeunir son image en élisant un président sexagénaire, Tidjane Thiam et Jean-Marc Yacé ont respectivement 61 et 62 ans, ce qui est considéré comme jeune pour exercer de hautes fonctions politiques en Côte d'Ivoire.
Fort du soutien d'une cinquantaine de députés sur les 63 que compte le parti à l'Assemblée nationale (255 sièges), M. Thiam, ancien directeur général du Credit Suisse, fait figure de favori pour devenir le nouveau chef de l'opposition et préparer 2025.
L'ancien parti unique, celui du père de l'indépendance Félix Houphouët Boigny, n'a plus accédé à la magistrature suprême depuis 1999. Un coup d'Etat avait alors chassé Henri Konan Bédié du pouvoir.
Un temps allié avec Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, le PDCI a repris sa place dans l'opposition en 2018 et a boycotté la dernière présidentielle.