Les sachets vides transparents de la taille d'une poche traînent partout, surtout en ces mois où la température ne descend pas sous les 30 degrés. Sur la plage de Hann, ils se mêlent à une masse de déchets drainée par les eaux nauséabondes de canalisations défectueuses. Ils jonchent les abords des stades et le pied des chantiers. Personne n'y prête attention.
Ce geste négligent, ils sont innombrables à le faire chaque jour.
Ces sachets sont un produit de consommation courante dans un certain nombre d'autres pays d'Afrique, au Nigeria, en Côte d'Ivoire, au Burkina. Ils sont proscrits au Kenya ou au Rwanda, en vertu d'interdictions sur les plastiques à usage unique remontant à 2017 et 2019.
Effet Covid
Conséquence: des quantités de sachets finissent dans la rue, végétant sur le béton dakarois ou disparaissant dans le sable omniprésent même en ville. Les poubelles publiques sont inexistantes. Le nettoyage laisse à désirer, le recyclage est balbutiant. Plus de 250.000 tonnes de plastique sont jetées chaque année, près de 30.000 seulement sont recyclées, disait un rapport du ministère de l'Urbanisme en 2022.
Différents interlocuteurs de l'AFP soulignent la nocivité de ces sachets, qui mettent 400 ans à se décomposer en microplastiques, selon le professeur Adams Tidjanis, environnementaliste.
La loi adoptée en 2020 complétait une législation de 2015 qui proscrivait la vente de sacs plastiques fins mais n'était guère appliquée. Le nouveau texte visait les plastiques à usage unique et jetables, comme les pailles pour les boissons ou les emballages dans le commerce.
La fabrication, dans des unités artisanales ou industrielles, et la distribution font travailler des milliers de personnes.
Hygiène douteuse
"Si Belle", "Mame Dior", "Ci Weul", "Kontoma"… Des dizaines de marques se disputent le marché. Elles se vendent à l'unité ou par lots de 30. Le sachet de 400 ml coûte 50 francs CFA (0,076 euro) et celui de 250 ml 25 francs CFA (0,038 euros).
Toutes les marques sont censées disposer d’une autorisation délivrée par les autorités. Certaines ont meilleure réputation que d'autres. Un certain nombre de clients disent s'être déjà posé des questions sur la provenance de l'eau qu'ils ingurgitaient.
Beaucoup d’unités de fabrication manquent aux règles d’hygiène, dit le lieutenant Mbaye Loum, responsable au Service national de l’hygiène.
Cela ne freine pas la production, au contraire.