Crise sociale à la SOSUCAM: Une eurodéputée interpelle Bruxelles sur la répression des travailleurs au Cameroun

La rédaction
14:2113/02/2025, jeudi
Yeni Şafak
Crédit Vidéo : Franck Péraise Mballa / Nouvelle Aube
La crise sociale à SOSUCAM au Cameroun prend une dimension internationale après l'interpellation de l'UE par la députée Marina Mesure sur la répression des travailleurs.

La situation sociale tendue à la Société Sucrière du Cameroun (SOSUCAM) prend une dimension internationale. Marina Mesure, députée européenne de la France Insoumise, vient d’interpeller la Commission européenne sur la répression des travailleurs dans cette filiale d’un groupe français, suite aux événements tragiques survenus le 4 février 2025 à Nkoteng, dans la région du Centre du Cameroun.

Des affrontements aux conséquences tragiques


Les affrontements qui ont éclaté ce jour-là entre les forces de l’ordre et les employés en grève auraient fait au moins un mort et plusieurs blessés, marquant une escalade dramatique dans un conflit social qui couvait depuis plusieurs semaines.


Les travailleurs, qui observaient un mouvement de grève depuis fin janvier dans le cadre d’une opération "champs morts", protestaient contre la dégradation de leurs conditions de travail et la modification unilatérale de leur système de rémunération. Selon une source qui tient à garder son identité secrète, les ouvriers n’ont rien réclamé d’autres que la paie, qui a été repoussée.

Les troubles auraient pris une tournure majeure après le passage du ministre du Travail en octobre dernier qui suite à une rencontre avec la top management, les employés verront leurs primes et divers avantages supprimés alors même que ce dernier avait demandé expressément à la Direction de SOSUCAM de surseoir à sa volonté de compresser les effectifs.


Au cœur du conflit: la question salariale


Au cœur des revendications se trouve la question salariale, notamment la suppression des primes et autres avantages, créant des difficultés considérables pour les quelque 3 000 manœuvres agricoles. Cette suppression selon les travailleurs approchés des primes et des avantages, apparaît comme une volonté manifeste de pousser les employés à la démission pure et simple.


Une entreprise en difficulté


La SOSUCAM, acteur majeur de l’industrie sucrière camerounaise avec ses 18 700 hectares de plantation répartis entre Mbandjock et Nkoteng, traverse une période délicate. L’entreprise fait face à des défis multiples: baisse de la production, endettement élevé, concurrence du sucre importé et conditions climatiques défavorables. Face à ces difficultés, la direction a élaboré un plan de relance ambitieux visant à atteindre une production de 100 000 tonnes de sucre d’ici 2027.

Des mesures d’ajustement contestées


Cependant, les mesures d’ajustement prises par la direction, notamment la rétrogradation des échelons lors de la campagne sucrière 2022-2023 et les modifications du système de paie, ont cristallisé les tensions. Les tentatives de médiation, y compris l’intervention du ministre du Travail et de la Sécurité Sociale, n'ont pas permis d'apaiser la situation.


Les ajustements proposés par la direction le 7 février 2025, comme l’augmentation marginale des primes de santé et de salissure, ont été jugés insuffisants par les travailleurs (la prime de santé passe de 3 000 à 3 500 FCFA, le montant de la prime de salissure passe de 600 à 750 FCFA par mois, la modification des dates de paiement des salaires qui intervient le 5 du mois (m+1)…).


Des implications européennes potentielles


L’intervention de la députée européenne Marina Mesure auprès du Commissaire chargé du Commerce et de la sécurité économique de l’UE pourrait avoir des implications significatives. En effet, en tant que filiale d’un groupe français, la SOSUCAM pourrait faire l’objet de sanctions européennes si des violations des droits des travailleurs étaient avérées.

Cette crise met en lumière les tensions inhérentes à la restructuration des entreprises agro-industrielles en Afrique, particulièrement lorsqu’elles sont confrontées à des défis économiques majeurs d’origine endogène et exogène. Elle soulève également des questions sur la responsabilité sociale des entreprises européennes opérant en Afrique et sur les mécanismes de protection des droits des travailleurs dans un contexte de mondialisation.


Par Franck Péraise Mballa

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