
Kirsty Coventry, la première présidente africaine du CIO, devra naviguer dans les tensions géopolitiques, notamment avec la Russie, les États-Unis, Gaza et l'Afrique.
Première femme et première Africaine élue jeudi à la présidence du Comité international olympique, la Zimbabwéenne Kirsty Coventry est particulièrement attendue face aux tensions géopolitiques qui traversent le monde sportif.
Huit Européens et un Américain l'ont précédée à ce poste unique en son genre, traité avec les égards d'un chef d'État sans en avoir les pouvoirs, et qui nécessite une fine compréhension des rapports de force.
Que faire des Russes ?
La solution retenue pour les JO-2024 de Paris, par la commission exécutive dont elle est membre, dessine une piste évidente: sauf fin du conflit, les Russes devraient de nouveau concourir à titre individuel, sous pavillon neutre, et s'ils n'ont pas activement soutenu la guerre.
Trump, hôte imprévisible
Essentiels à l'olympisme, les États-Unis ne sont pas seulement les hôtes des prochains Jeux d'été à Los Angeles, en 2028, et de ceux d'hiver en 2034, à Salt Lake City: ils apportent au CIO plus du tiers de ses revenus - via les droits TV versés par NBC Universal - et forment dans leur système universitaire des champions de toutes nationalités. À commencer par l'ex-nageuse Coventry, qui s'est entraînée à Auburn (Alabama) avant de décrocher sept médailles olympiques dont deux titres.
Mais un deuxième sujet est déjà à son menu : les États-Unis ont entamé l'année en suspendant leur contribution à l'Agence mondiale antidopage (AMA), alors qu'ils se sont arrogés depuis 2020 une compétence extraterritoriale en matière d'antidopage qui menace de fracturer le sport mondial.
L'Afghanistan et Gaza, emblèmes de la "diplomatie discrète"
Après avoir exfiltré environ 300 membres de la communauté sportive afghane juste après le retour des talibans, en août 2021, l'organisation a obtenu la présence aux JO de Paris d'une délégation paritaire, manière de ne pas céder sur le droit des femmes à concourir.
Le conflit entre Israël et le Hamas offre un autre exemple de la position équilibriste de l'instance: si le CIO n'a jamais envisagé de faire concourir les Israéliens sous bannière neutre aux JO de Paris, réfutant tout parallèle entre Gaza et l'Ukraine, il a invité huit sportifs palestiniens qui n'avaient pu franchir les qualifications, usant au maximum de cette carte.
Compte tenu des destructions infligées au sport palestinien, la question se reposera sans aucun doute à l'approche des Jeux de Los Angeles.
Le rêve de JO africains
L'élection de la ministre zimbabwéenne des Sports (depuis 2018), qui coordonne au sein du CIO les JO de la jeunesse de Dakar en 2026, fait inévitablement resurgir une question : seul continent à n'avoir jamais organisé des JO, quand l'Afrique vivra-t-elle cette première historique ?
Déjà pionnière en 2010 avec le Mondial de football, l'Afrique du Sud est officiellement sur les rangs pour les Jeux d'été de 2036, aux côtés notamment de l'Inde, la Türkiye, la Hongrie, le Qatar ou l'Arabie Saoudite.
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