La Mairie de Yaoundé à l’œuvre pour désengorger la voie publique: les vendeurs ambulants résistent

La rédaction
14:4530/01/2025, jeudi
Yeni Şafak
Crédit Vidéo : Franck Péraise Mballa / Nouvelle Aube
Depuis le 20 janvier, au Cameroun, la municipalité de Yaoundé mène une vaste opération pour libérer la voie publique, suscitant à la fois soutien et tensions, en particulier auprès des vendeurs ambulants.

Depuis le 20 janvier dernier, la ville de Yaoundé, capitale du Cameroun, est le théâtre d'une opération de grande envergure lancée par le conseil municipal visant à libérer les emprises de la voie publique. Cette initiative, bien que saluée par certains usagers de la route, soulève de nombreuses questions et tensions parmi les acteurs économiques de la ville, notamment les vendeurs ambulants.

Un contexte encombré


Yaoundé, jadis encombrée par des commerces ambulants, va probablement voir sa physionomie changer lentement mais sûrement. Les rues et trottoirs, autrefois envahis par des étals portables, des brouettes et des porte-tout, ont été l'objet d'une attention particulière de la part des autorités locales.


Les vendeurs ambulants, souvent perçus comme responsables des embouteillages et de l'incivisme notoire, sont désormais au centre d'une controverse qui oppose les aspirations de la municipalité à la réalité du quotidien de nombreux petits commerçants.

Une décision controversée


La décision d'interdire la vente ambulante dans plus de 15 lieux de la capitale a été accueillie avec scepticisme par les concernés. En effet, malgré les efforts déployés par la mairie, de nombreux vendeurs continuent d'occuper les principales artères de la ville, défiant ainsi les nouvelles réglementations. Ce phénomène témoigne d'une résistance face à une mesure jugée par certains comme une attaque contre leur moyen de subsistance.


Le marché Mokolo, situé dans le 2e arrondissement de Yaoundé, illustre parfaitement cette situation. Bien qu'un vaste hangar ait été aménagé pour recaser les vendeurs ambulants, ceux-ci rechignent à s'y installer.


Pour M. Yaouba Abdoulaye, coordonnateur des associations des sauveteurs du marché Mokolo, cette réticence n’est pas compréhensible : "C'est pour améliorer les conditions de travail de ces sauveteurs. Étant en route, ils encombrent la voie publique, ce n'est pas normal".

L'opération de libération des voies publiques ne se limite pas à une simple question d'esthétique urbaine. Elle soulève des enjeux économiques, sociaux et politiques cruciaux. D'un côté, les autorités, représentées par M. Mbassi Onona Dominique, chef de la cellule de communication et des relations publiques à la communauté urbaine de Yaoundé, affirment que le maire est dans l'exercice de ses compétences dévolues par la loi : "Il est le garant du bon ordre urbain dans la ville". De ce fait, il est de son devoir de faire cesser toute occupation illégale de la voie publique.

Les nouveaux espaces de vente


Les nouveaux hangars, qui peuvent accueillir jusqu'à 1500 places, offrent des conditions d'exploitation améliorées. Le coût de l'espace est fixé à 5000 francs CFA par mois pour un mètre carré, avec un comptoir à disposition. Cependant, parmi les 1300 vendeurs ambulants recensés, beaucoup hésitent à rejoindre ces nouveaux espaces.


Certains d'entre eux expliquent que des présidents d’associations dissuadent les sauveteurs de s’installer, craignant que cela mette fin à leur propre business. Ces derniers collectent de l'argent auprès des vendeurs ambulants qui occupent encore la chaussée, sans jamais rendre compte à la communauté urbaine.


Une vision à long terme


Le projet de la mairie s'inscrit dans une vision à long terme de réaménagement urbain. En créant des espaces dédiés aux commerçants, les autorités espèrent non seulement désengorger les rues, mais aussi améliorer les conditions de travail des vendeurs.


S’agissant du Marché Mokolo à titre illustratif, des bureaux de coordination, un nouveau poste de police, une infirmerie et 20 vigiles présents en permanence ont également été mis en place pour garantir la sécurité des biens des commerçants.


Cependant, la mise en œuvre de cette vision semble rencontrer des obstacles significatifs. Les réticences des vendeurs à quitter la rue pour des installations fixes témoignent d'un manque de confiance dans les promesses des autorités. Beaucoup craignent que ces espaces ne soient pas suffisamment fréquentés pour garantir leur chiffre d'affaires, et que l'absence de clients dans ces nouveaux hangars ne les condamne à l'échec.

Un communiqué difficile à appliquer et à faire appliquer


Malgré ces enjeux, nombreux sont ceux qui continuent d’exercer leur activité sur la voie publique, au risque d’encourir des sanctions.


Pour l’heure, l’application de cette nouvelle mesure ne semble pas avoir engendré de troubles majeurs, contrairement aux craintes de certains observateurs. Il est à espérer qu’un dialogue constructif permettra de désamorcer les tensions.

Rappelons qu’il y a quelques jours, un drame a endeuillé la ville de Yaoundé: un agent de la police municipale a été mortellement agressé par des mototaximen dans le quartier de Tsinga, lors d’une opération de saisie de véhicule, les mototaxis étant interdits d’emprunter certaines artères de la ville. Cet événement tragique souligne les risques encourus par les forces de l’ordre dans l’application de certaines mesures dans la capitale.


Par Franck Péraise Mballa

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