Ce titre représente un enjeu crucial pour l'éditeur, qui traverse une période difficile.
Dès sa sortie, le jeu a suscité un vif intérêt. Thibault, 28 ans, venu l’acheter dans un magasin parisien, salue "les combats et les graphismes, mieux faits que dans les autres Assassin's Creed". Melinna, 25 ans, infirmière, confie être partagée: "J'ai hâte mais, en même temps, je suis un peu réservée", ayant trouvé l’opus précédent "répétitif".
Selon Maximilien Metrouh, responsable régional chez Micromania, "c'est un titre très attendu", ce que confirme son démarrage : le compte officiel du jeu a annoncé sur X qu’"Assassin’s Creed Shadows" avait dépassé le million de joueurs dès le premier jour.
Un projet ambitieux pour un Ubisoft en difficulté
Avec près de 18.000 employés, Ubisoft est l'un des plus grands acteurs mondiaux du jeu vidéo. Mais depuis 2020, l’éditeur accumule les déconvenues: lancements décevants, chute du cours de Bourse, accusations de harcèlement, vagues de licenciements…
Ce nouvel opus, ancré dans le Japon féodal, est son plus gros projet à ce jour. Des centaines de développeurs répartis dans une vingtaine de studios ont travaillé dessus pendant cinq ans, pour un budget estimé à plusieurs centaines de millions d’euros.
Thierry Dansereau, directeur artistique chez Ubisoft Québec, assure que "nos développeurs ont donné tout ce qu'ils avaient pour créer le meilleur jeu possible". Un effort qui semble payer : avec 81 sur 100 sur Metacritic, le jeu affiche une réception "globalement favorable", un point de plus que "Assassin’s Creed Valhalla" (2020), le plus grand succès de la série.
Polémiques et retours des joueurs
Si le jeu connaît un bon accueil critique, il a aussi suscité des controverses, notamment au Japon. Une pétition dénonçant un manque d'exactitude historique et la présence d’un samouraï noir parmi les protagonistes a recueilli plus de 100.000 signatures.
Autre critique : la possibilité de détruire l’intérieur des sanctuaires shinto. Face à l’indignation, Ubisoft a rapidement déployé un correctif pour rendre ces éléments indestructibles et limiter les effusions de sang dans ces lieux.
Un avenir encore incertain
Ubisoft espère que ce succès relancera sa croissance, alors que son cours en Bourse a plongé à 9,01 euros en septembre, contre plus de 100 euros il y a dix ans. Grâce aux premières évaluations positives des joueurs sur Steam et le PlayStation Store, son action a terminé jeudi en hausse de 3,85 %, à 13,08 euros.
L’éditeur étudie actuellement "plusieurs options" pour son avenir, suscitant de nombreuses spéculations. Parmi elles, une possible sortie de la Bourse avec le soutien de Tencent, qui détient 10 % du capital, ou encore la création d’une nouvelle entité recentrée sur les marques phares du groupe.
"Toutes les options sont sur la table", résume Charles-Louis Planade, analyste à Midcap Partners, pour qui le succès de "Shadows" sera déterminant dans ces négociations.
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