Le leader incontesté en Chine est BYD. En 2023, il a dégagé un bénéfice record et annoncé sa volonté d'entrer dans le top cinq des groupes automobiles en Europe.
Bruxelles impose des surtaxes pour contrer l'essor des véhicules électriques chinois, menaçant les constructeurs européens.
Les véhicules électriques chinois sont dans le collimateur de Bruxelles, qui vient d'annoncer des surtaxes pour freiner leur déferlante.
Un essor porté par les subventions
Entre 2014 et fin 2022, le gouvernement chinois dit avoir dépensé plus de 200 milliards de yuans (25,5 milliards d'euros) en subventions et déductions fiscales liées à l'achat d'un véhicule électrique. De quoi doper les fabricants chinois face à leurs concurrents américains, qui ont moins bénéficié d'aides.
Ils ont aussi profité d'une demande nationale en hausse : 69 % des véhicules électriques vendus dans le monde en décembre l'étaient en Chine, selon la société de recherche Rystad Energy. Les exportations ont également bondi.
Selon le centre de réflexion américain The Atlantic Council, les ventes mondiales de véhicules électriques chinois ont grimpé de 70 % en 2023, à 31,6 milliards d'euros. Et près de 40 % de ces exportations sont allées... vers l'Union européenne, devenue première acheteuse de ces véhicules chinois.
BYD, numéro un du secteur
Le leader incontesté en Chine est BYD. En 2023, il a dégagé un bénéfice record et annoncé sa volonté d'entrer dans le top cinq des groupes automobiles en Europe. Il est devenu le premier à passer en mars la barre symbolique des sept millions de véhicules produits (hybrides et électriques cumulés) depuis son entrée sur ce créneau.
Selon les médias d'État, les autres constructeurs chinois qui exportent le plus de véhicules électriques vers l'Europe sont SAIC, MG Motor et Polestar, propriété de Volvo et de sa maison mère chinoise Geely.
Inquiétudes et dissensions en UE
La hausse des exportations a permis aux groupes chinois de grignoter des parts de marché dans l'UE, passant de moins de 2 % des voitures électriques fin 2021 à près de 8 % fin 2023, selon l'institut Jato spécialisé dans l'automobile.
Les importations européennes de véhicules électriques chinois ont bondi de 57 000 en 2020 à 437 000 en 2023, selon l'institut américain Peterson d'économie internationale.
Bruxelles s'en inquiète, dénonçant une
"politique de subventions injuste"
qui représente selon elle
pour les constructeurs européens.
Mercredi, l'UE a donc annoncé son intention d'ajouter des droits de douane supplémentaires de 17,4 % à BYD, 20 % à Geely et 38,1 % à SAIC, au terme de près de neuf mois d'enquête. Mais les mesures ne font pas l'unanimité: l'Allemagne, dont les constructeurs Audi, BMW, Mercedes et Volkswagen réalisent près de 40 % de leurs ventes mondiales en Chine, a mis en garde contre le risque d'une
De possibles répliques chinoises
Jeudi, la Chine a annoncé qu'elle
de porter plainte auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et a promis de
"prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre résolument les droits et les intérêts des entreprises chinoises"
. Elle n'a toutefois pas dévoilé de contre-mesures.
Pékin avait annoncé en janvier une enquête visant toutes les eaux-de-vie de vin importées de l'Union européenne, dont le cognac. Le vin, les produits laitiers, le porc et les voitures à grosses cylindrées seraient aussi dans le viseur, selon la presse étatique chinoise.
"Nous réitérons notre plus vive inquiétude"
, a déclaré mercredi Florent Morillon, président du Bureau national interprofessionnel du Cognac.
Les Chinois
"vont lancer des représailles, c'est sûr"
, affirme à l'AFP Tu Le, fondateur du cabinet spécialisé Sino Auto Insights, citant comme cibles possibles
"les produits de luxe et les vins français et italiens"
.
"D'un autre côté, comme l'économie chinoise ne va toujours pas bien, la réponse pourrait être beaucoup de bruit pour rien"
.
Les ventes de véhicules chinois vont forcément en pâtir. Selon l'institut allemand Kiel sur l'économie mondiale, une surtaxe de 20 % signifierait 125 000 véhicules en moins vers l'UE, pour un volume de plus de 3,5 milliards d'euros. Il y aura
"à court terme une baisse"
des exportations, anticipait Gregor Sebastian, analyste du cabinet Rhodium.
"Comme 40 % des exportations de véhicules électriques chinois sont allées vers l'UE en 2023-2024, ce sera un défi de redéployer ces exportations"
, écrivait-il sur LinkedIn avant les annonces de Bruxelles.
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