Poussé par les crises énergétique et climatique, l'investissement dans les technologies décarbonées devrait atteindre 1.700 milliards de dollars en 2023, quand environ 1.000 milliards iront aux pétrole, gaz et charbon, selon le rapport annuel de l'AIE consacré aux investissements dans l'énergie.
Dans le même temps, les montants consacrés aux hydrocarbures et au charbon continuent de progresser de 15% annuellement.
Pour chaque dollar investi dans des énergies fossiles, environ 1,7 dollar part vers des énergies propres. Il y a cinq ans, ce ratio était de 1-1.
Autre exemple, l'investissement mondial dans la production électrique est aujourd'hui dominé à 90% par des technologies bas carbone.
La volatilité des prix des énergies fossiles, renforcée par la guerre en Ukraine, et les mesures de soutien prises par l'Union européenne, la Chine, le Japon ou les Etats-Unis ont renforcé la tendance.
Pour autant, l'AIE lance plusieurs mises en garde, d'abord sur l'utra-domination de la Chine et des économies avancées dans ce mouvement.
L'ironie est que certains endroits parmi les plus ensoleillés du monde disposent des plus faibles niveaux d'investissement dans le solaire, c'est un problème qu'il va falloir aborder.
Autre bémol majeur pointé par l'AIE: les dépenses d'exploration et exploitation pétro-gazière devraient croître de 7% en 2023, un retour aux niveaux de 2019 qui éloigne le monde de la trajectoire vers la neutralité carbone en milieu de siècle.
La neutralité carbone, qui implique de ne pas émettre plus de gaz à effet de serre que l'on ne peut en absorber, vise à maintenir le réchauffement climatique en-deçà de 1,5°C afin d'en éviter des impacts majeurs et irréversibles.
Or le charbon à lui seul a vu sa demande atteindre un sommet historique en 2022, et l'investissement dans ce secteur en 2023 devrait être six fois supérieur à ce que prône l'AIE pour 2030 si l'on veut aller vers la neutralité...
Les géants pétro-gaziers ont eux orienté l'an dernier l'équivalent de moins de 5% de leurs dépenses de production vers les énergies bas-carbone (biogaz, éolien, etc.) et la captation de carbone. Même si elle est un peu plus élevée pour les majors européennes, cette proportion n'a globalement guère progressé par rapport à 2021, constate l'AIE.