"Il n'y a plus rien qui rentre et rien qui sort"
, a lancé un des nombreux agriculteurs présents, mobilisés par la Coordination rurale, deuxième syndicat français du secteur, dont certains cadres affichent leur proximité avec l'extrême droite.
Une de ses responsables, Karine Duc, a assuré que le blocage était
"prévu pour toute la nuit a minima"
, avant
"d'autres points de chute"
par la suite.
Parti d'Agen, dans le département du Lot-et-Garonne, le convoi de la Coordination rurale avait fait étape auparavant sur un parking de supermarché, déversant pneus, bidons et citerne en plastique devant les entrées.
En première ligne des manifestations mercredi, la Coordination rurale a aussi provoqué un échange dans la journée avec le Premier ministre Michel Barnier mais a dû lever son barrage à la frontière espagnole.
Le blocage d'une autoroute, dans le sens Espagne-France, installé mardi, a été levé à la mi-journée, a indiqué la gendarmerie.
"On est très satisfait, on a tenu 24 heures",
a déclaré à l'AFP Benjamin Bajada, président de la Coordination rurale du département de l'Hérault.
Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient avec en toile de fond des élections en janvier, qui détermineront la gouvernance des chambres d'agriculture et les subsides versés à chaque syndicat.
La Coordination rurale, qui entend détrôner l'hégémonie de l'alliance FNSEA-Jeunes Agriculteurs, a mené d'autres actions mercredi, en particulier dans le sud-ouest du pays, où elle a ciblé des centrales d'achat et magasins de la grande distribution.
Appel au chef du gouvernement
Sa section du Lot-et-Garonne a pris l'initiative d'appeler le chef du gouvernement, Michel Barnier.
"Vous avez un Premier ministre qui connaît et respecte les agriculteurs. Je ferai tout ce que je pourrai dans le budget pour tenir les engagements très nombreux qui ont été pris, point par point"
, leur a répondu M. Barnier lors de l'entretien capté par les caméras de plusieurs médias, dont l'AFP.
"Vous n'avez pas besoin de me convaincre de l'urgence, l'extrême urgence et du désarroi des agriculteurs",
a-t-il ajouté.
Le Premier ministre français a aussi appelé le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, pour l'assurer de sa volonté de
échanger
"sur les réponses à apporter"
et assurer que toutes les promesses seraient tenues, selon ses services.
Moins d'un an après une mobilisation historique, les syndicats jugent n'avoir pas obtenu suffisamment d'avancées.
L'alliance FNSEA-JA prévoit d'ailleurs de recommencer à manifester
"mardi, mercredi et jeudi"
prochains, après déjà plusieurs actions en début de semaine.
L'objectif est encore une fois de mettre la pression pour dénoncer aujourd'hui ce qui n'est pas acceptable.
"Et, je le redis, toujours dans le respect des biens et des personnes"
, a poursuivi Arnaud Rousseau, pour se distinguer des actions de la Coordination rurale.
Déchets déversés devant des préfectures, forçage de l'entrée d'un local de l'Office français de la biodiversité, blocage de la circulation depuis l'Espagne: les modes de protestation choisis par la Coordination rurale lui ont valu un rappel à l'ordre du gouvernement.
Les
"actes de dégradation, de blocage à la frontière espagnole"
lors de manifestations de la CR ne sont
et risquent d'entamer la
des Français envers la profession, a déclaré la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard sur la chaîne publique France 2.
A l'autre bout de la France, à Charleville-Mézières (nord-est), des agriculteurs avaient passé la nuit devant la préfecture des Ardennes, à l'appel également de la Confédération paysanne.
Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions.
A Rouen (nord-ouest), c'est le siège de Haropa Port, l'établissement public qui regroupe les ports du Havre, de Rouen et de Paris, qui a été ciblé par une vingtaine d'agriculteurs.
"Haropa, c'est un peu un symbole de cette agriculture mondialisée que nous on dénonce à la Confédération paysanne"
, a expliqué un des manifestants, Mathieu Grenier.
En Ille-et-Vilaine (ouest), une dizaine de militants se sont rassemblés devant un site du géant des huiles Avril, une manière de viser aussi le patron de la FNSEA qui préside ce groupe, symbole selon eux d'un syndicat majoritaire servant les intérêts de l'agro-industrie.