Réduire le recours aux engrais azotés est possible et bénéficierait à l'environnement et à la santé, tout en conservant des rendements agricoles capables de nourrir 10 milliards d'humains.
Les avantages de la réduction de la pollution azotée d'origine agricole sont environ 25 fois supérieurs aux coûts de la mise en place de ces mesures, estimées par l'étude à 34 milliards de dollars par an, écrivent les scientifiques.
Pour la Chine et l'Inde - dont l'utilisation intensive d'engrais en fait les principaux pollueurs d'azote au monde - ce coût serait d'environ 5 et 3 milliards de dollars.
A l'inverse, la diminution des décès prématurés causés par la pollution azotée et celle des dégâts sur la nature ainsi que l'augmentation des rendements agricoles pourrait représenter un bénéfice de près de 500 milliards de dollars.
Malgré des bénéfices à long terme considérables, une telle réforme de la gestion de l'azote a des coûts de démarrage hors de portée pour de nombreux petits exploitants agricoles, à moins d'être soutenue par de fortes politiques publiques.
"Cycle de l'azote"
L'utilisation intensive d'engrais chimiques a aidé à multiplier par quatre la population humaine au cours du siècle dernier, rappellent les auteurs, et reste essentielle pour nourrir une population terrestre estimée à 9,7 milliards de personnes d'ici 2050.
Mais l'explosion des récoltes permises par la révolution agricole s'est faite au détriment de l'environnement. Aujourd'hui, plus de la moitié de l'azote contenu dans les engrais s'infiltre dans l'air et dans l'eau, entraînant une pollution toxique, l'acidification des sols,l'amincissement de la couche d'ozone et une érosion de la biodiversité.
Le monde est naturellement inondé d'azote, essentiel à toute vie sur Terre, en particulier des plantes.
Près de 80% de l'atmosphère en est constituée, sous une forme gazeuse (N2) toutefois peu utile à la plupart des organismes vivants jusqu'à ce que les microbes ne le transforme en ammoniac métabolisable.
Ce processus achemine chaque année quelque 200 millions de tonnes d'azote dans le sol et les océans. Sous différentes formes, l'azote retrouve le chemin de l'atmosphère grâce aux bactéries, notamment dans les zones humides, ou après avoir été disséminées dans les océans ou brûlées.
Moins de la moitié de cet apport humain est effectivement absorbé par les plantes, le reste s'infiltre dans l'environnement avec son cortège de nuisances.
Le défi, pour l'humanité, est de trouver la solution pour ne plus inonder les sols d'azote, et réduire son empreinte azote... Comme elle tente de réduire son empreinte carbone dans la lutte contre le réchauffement climatique.