Ces Etats membres, qui incluent aussi l'Italie et l'Espagne, demandent des "mesures décisives" pour "renforcer l'état de préparation et les capacités globales de l'Europe en matière de défense", dans un courrier daté de jeudi et rédigé à l'initiative de la Finlande.
L'organe de financement de l'UE, basé à Luxembourg, n'est pour l'instant pas autorisé dans le cadre de son mandat à financer des activités d'armement au sens strict, comme des munitions ou des missiles, afin de préserver l'excellente notation qui lui permet d'emprunter à bon compte.
La BEI dispose cependant d'une enveloppe de 6 milliards d'euros jusqu'en 2027 pour des prêts en faveur du développement de biens à double usage, comme des drones ou des véhicules dont certaines versions peuvent être déployées sur le champ de bataille.
Les modalités d'attribution de ces prêts ont été assouplies l'an dernier. Mais il est "urgent de réaliser de nouveaux progrès", affirment les 19 pays.
"La liste des activités et secteurs exclus" actuellement des prêts de la BEI devrait être revue pour financer directement la défense, estiment ces Etats et "augmenter le volume des financements disponibles".
Les signataires de la lettre demandent aussi à la BEI d'étudier "la possibilité d'émettre de la dette affectée au financement de projets de sécurité et de défense", sujet toujours sensible au sein de l'Union européenne.
Huit Etats n'ont pas signé la missive à ce stade: Autriche, Bulgarie, Hongrie, Irlande, Malte, Portugal, Slovénie, ainsi que la Pologne, soucieuse de garder sa neutralité car elle assure la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne.
La BEI a accueilli favorablement le courrier. "Nous avons doublé nos financements pour les projets de sécurité et de défense en 2024 et nous prévoyons de les doubler à nouveau pour atteindre un niveau record" de deux milliards d'euros en 2025 sur un total de financements prévus de 95 milliards, a déclaré un porte-parole de l'institution.
Les 27 Etats membres sont actionnaires de la BEI.
L'institution pourrait aider "une série de PME et des sous-traitants qui ont des difficultés" de financement avec les banques, souligne un diplomate européen. "Ce n'est pas rien, à la fois en raison des montants, potentiellement des milliards, et par l'effet prescripteur sur les marchés", explique-t-il.
Le courrier est l'occasion de montrer que l'Europe cherche de nouvelles sources de financements pour sa défense. Il permet de préparer la rencontre exceptionnelle lundi à Bruxelles entre les dirigeants de l'UE, le Royaume Uni et le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte.
Les Européens sont sous la pression de Donald Trump, qui répète que les Américains ne veulent plus dépenser pour financer la défense de l'Europe par l'intermédiaire de l'Otan.
L'attitude de la nouvelle administration américaine sur le soutien occidental à l'Ukraine dans sa guerre face à la Russie est un sujet qui préoccupe fortement les Européens et l'Otan.
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