Les nouvelles étoiles du cortège des martyrs

Au moment où le monde entier était rivé aux écrans pour suivre l’échange de prisonniers entre le Hamas et Israël, observant d’un côté la bassesse d’Israël et de l’autre l’extraordinaire capacité d’organisation du Hamas, il a été annoncé qu’Abu Ubayda ferait une déclaration. Cet échange ressemblait à une scène supplémentaire du conflit en cours. C’était un programme méticuleusement préparé par les Brigades al-Qassam, où chaque détail portait une signification symbolique, tel un chef-d’œuvre artistique, une nouvelle confrontation après la trêve.

Dans cette confrontation, le monde entier assistait à la supériorité manifeste du Hamas, qui résistait héroïquement depuis 471 jours avec des moyens limités, infligeant de lourdes pertes aux forces d’occupation sionistes. Les Brigades al-Qassam, par leur prestance, leur discipline et leur humanité, semblaient humilier Israël en le dominant totalement. La scène où une soldate israélienne était escortée hors des décombres pour être amenée sur une estrade devant la maison du martyr Yahya Sinwar était d’une esthétique qui surpassait même les meilleurs films de cinéma. Cette mise en scène démontrait au monde entier la manière dont les prisonniers avaient été traités avec dignité. Ce spectacle était en soi une victoire. Ainsi, on s’attendait à ce qu’Abu Ubayda prononce un discours savourant simplement cette victoire.

Or, Abu Ubayda est apparu à l’écran avec un décor où figuraient, dans le coin supérieur gauche, sept portraits, pour la plupart inconnus jusqu’alors. Puis, il a annoncé que l’une des figures les plus influentes et mystérieuses des Brigades al-Qassam, leur stratège en chef Mohammed Deif, avait rejoint le cortège des martyrs. Ensuite, il a révélé la mort en martyr de son adjoint Marwan Issa, suivie de celle de cinq autres commandants de l’organisation.

Dans un premier moment de stupeur, on s’est demandé comment ils avaient été tués alors qu’une trêve était en place. Puis, il est devenu évident qu’ils avaient été martyrisés bien avant, à différents endroits et à différents moments. Une fois de plus, nous étions témoins d’un génie stratégique exceptionnel dans la guerre que mènent les Brigades al-Qassam depuis le 7 octobre. En réalité, alors que les forces sionistes pensaient avoir éliminé leurs cibles principales, depuis des mois, nous assistions à une résistance intacte, toujours plus forte, plus déterminée et plus efficace sur le terrain.

Le simple fait que cette annonce ait été faite à ce moment précis prouve que tout est sous contrôle et que le Hamas démontre pleinement sa capacité organisationnelle. Malgré la perte de ses plus hauts dirigeants, il n’a ni vacillé, ni été affaibli, ni désorganisé. Au contraire, chaque unité a poursuivi ses actions avec une détermination accrue, un engagement inébranlable et une motivation renouvelée.

La guerre a été d’une intensité inédite, les Brigades al-Qassam surgissant de toutes parts, devenant un cauchemar pour Israël. Cette réalité a même été relayée dans les médias israéliens et dans les déclarations d’Antony Blinken. Le Hamas apparaissait partout, renaissant aussi vite que ses combattants tombaient. La mort en martyr de Yahya Sinwar a eu un impact bien plus puissant que sa présence en vie. Elle est devenue une arme redoutable, motivant encore davantage les combattants du Hamas, non pas en suscitant la tristesse, mais en inspirant une volonté encore plus forte de lui faire honneur et de poursuivre son combat.

Le même phénomène se reproduit avec les sept martyrs annoncés hier par Abu Ubayda. L’un des aspects les plus marquants de ces décès est qu’aucun leader n’est considéré comme une exception dans ce mouvement de résistance. Toute la direction est engagée sur le terrain, et personne ne considère son sang comme plus précieux que celui des autres.

Les paroles d’Abu Ubayda en annonçant la mort de Mohammed Deif et des autres commandants ne sont pas de la simple rhétorique : "Qu’aurait-il été plus douloureux que de voir Mohammed Deif, qui a combattu pendant plus de 30 ans, et Marwan Issa, le pilier inébranlable et stratège des Brigades al-Qassam, mourir dans leur lit ? Ces braves hommes, qui ont dédié leur vie entière au jihad, ne pouvaient espérer une fin plus digne que le martyre. Ils sont restés fidèles à leur engagement envers Dieu, et en retour, Dieu les a honorés par le martyre. Ces vaillants guerriers ont consacré chaque instant de leur vie à la lutte, et lors du Déluge d’al-Aqsa, ils ont frappé l’ennemi en plein cœur."

Le deuxième enseignement majeur de ces martyrs est que le Hamas ne repose pas sur une seule direction centralisée. Chacun de ses dirigeants est une étoile qui éclaire le chemin, motive les troupes et, par son martyre, transforme ceux qui restent en nouveaux leaders. Aujourd’hui, des milliers de combattants au sein des Brigades al-Qassam sont prêts à assumer des responsabilités de commandement avec la même efficacité. C’est pourquoi la disparition de ces figures emblématiques n’est pas une victoire pour Israël, mais une nouvelle source d’épreuves.