La pilule anti-Covid de Merck risque-t-elle d'aggraver la pandémie ? Des chercheurs affirment que ce traitement contribue à faire émerger des mutations du virus, avec un risque pour l'heure théorique: donner naissance à des variants dangereux.
Le molnupiravir est un traitement développé par le géant pharmaceutique américain Merck (dit MSD à l'international).
Mais le molnupiravir, vendu sous le nom Lagevrio, a vite fait l'objet de critiques. Celles-ci ont en partie visé son efficacité limitée, notamment par rapport à son grand concurrent, le Paxlovid de Pfizer, qui l'a rapidement rejoint sur le marché.
Surtout, son mode d'action a provoqué de vives réticences. Contrairement à d'autres antiviraux, comme le Paxlovid, le Lagevrio agit en s'intégrant directement au génome du virus.
"Signature" spécifique
Ce risque avait contribué à une certaine frilosité des autorités sanitaires comme la FDA américaine qui n'avait approuvé le molnupiravir qu'à une faible majorité, ou la Haute Autorité de Santé (HAS) française, qui l'a carrément écarté.
C'est dans ce contexte que s'inscrit l'étude publiée lundi, alors que l'étoile de la pilule de Merck a déjà pâli au vu de sa faible efficacité mais qu'elle reste encore largement prescrite dans certains pays, notamment en voie de développement.
Les chercheurs ont étudié une vaste base de données, dite Gisaid, qui rassemble les génomes des virus recueillis chez de nombreux patients à travers le monde.
Pour eux, la conclusion est sans appel: l'usage du molnupiravir est associé à l'apparition de mutations spécifiques.
Ces conclusions ont été rejetées par Merck. Selon le laboratoire américain, l'étude ne met en avant qu'une corrélation sans permettre d'affirmer un lien de cause à effet entre son traitement et ces mutations.
Pas de risque immédiat
Comme les auteurs de l'étude, il insiste sur un point: les mutations repérées ne semblent pas, en elles-mêmes, avoir été particulièrement dangereuses ou contagieuses.
Faut-il dans ce contexte cesser de prescrire du molnupiravir ? Les auteurs de l'étude se gardent bien de se prononcer, restant sur le terrain de la génétique et renvoyant les autorités sanitaires à leurs responsabilités.
Et pour certains chercheurs, si ces résultats rappellent la nécessité de ne pas prescrire du molnupiravir à tour de bras, il ne faut pas y renoncer purement et simplement.