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Le gouverneur de la région de Puntland, en Somalie, Saïd Abdullahi Deni.
La région semi-autonome du Puntland a annoncé dimanche ne plus reconnaître "les institutions de l'État fédéral somalien", marquant ainsi son opposition à l'adoption la veille au Parlement du passage à un régime présidentiel.
Au cours de la dernière décennie, le Puntland a à plusieurs reprises fait des déclarations similaires pour marquer ses désaccords avec le gouvernement fédéral.
Région aride du nord-est de la Somalie riche en pétrole et qui abrite le port important de Bosaso, le Puntland a déclaré son autonomie en 1998 et entretient des relations tendues avec le gouvernement central de Mogadiscio.
"L'administration du Puntland a révoqué sa reconnaissance et sa confiance dans les institutions du gouvernement fédéral jusqu'à ce qu'un véritable processus constitutionnel mutuellement accepté soit obtenu",
selon un communiqué de la région semi-autonome.
En conséquence,
"le Puntland disposera de sa propre autorité gouvernementale globale jusqu'à ce qu'un système de gouvernement fédéral soit en place, avec une Constitution somalienne mutuellement acceptée et soumise à un référendum public"
, poursuit le communiqué.
Les autorités du Puntland s'opposent à l'adoption samedi par le Parlement du passage à un régime présidentiel.
Cet accord sur les élections avait été conclu en mai 2023 à l'issue de discussions, réunissant le président Hassan Cheikh Mohamoud, le Premier ministre Hamza Abdi Barre et les dirigeants des États fédérés.
Le président du Puntland, Saïd Abdullahi Deni, n'était toutefois pas présent pour le signer.
Dimanche, les autorités du Puntland ont accusé Hassan Cheikh Mohamoud d'avoir
et d'avoir
"perdu la légitimité constitutionnelle de sa présidence".
Les autorités fédérales n'ont pour l'heure pas réagi à cette annonce.
La région du Puntland
"a déjà rompu les liens avec le gouvernement fédéral par le passé"
, déclare à l'AFP Mahad Wasuge, directeur exécutif du Somali Public Agenda, un groupe de réflexion basé à Mogadiscio, poursuivant que les représentants locaux sont
"contre le passage à un régime présidentiel".
"Le Puntland déteste tout ce qui ressemble à une gouvernance centralisée venant de Mogadiscio, et Garowe (la capitale de la région, Ndlr) interprète les amendements constitutionnels dans ce sens. C'est précisément pour cette raison que le Puntland a intégré dans sa propre constitution une clause de retrait"
, souligne de son côté Omar Mahmood, chercheur à l'International Crisis Group (ICG).
La région est
"susceptible de fonctionner de manière plus ou moins indépendante pour le moment, mais elle garde la porte ouverte à un retour au sein de la fédération si elle constate des changements", poursuit-il, affirmant que l'indépendance est "impopulaire auprès de nombreux Somaliens, y compris au Puntland".
Le Parlement somalien a également voté samedi en faveur de l'instauration du suffrage universel direct pour remplacer un complexe processus indirect, articulé autour de la myriade de clans et sous-clans qui composent la société, source de luttes de pouvoir et d'instabilité qui, selon de nombreux observateurs, profitent à l'insurrection des islamistes radicaux shebab qui ensanglante le pays depuis 2007.
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