Les industriels pakistanais réclament à cor et à cri à leur gouvernement en manque d'argent la fin du blocage des importations, s'inquiétant du risque qui pèse sur des millions d'emplois.
En raison de la pénurie de dollars, les importations sont limitées depuis le début de l'année aux denrées alimentaires essentielles et aux produits médicaux, dans l'attente d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) sur le déboursement d'une tranche de prêt.
Des milliers de conteneurs sont bloqués dans le port de Karachi (Sud), remplis de produits de base indispensables notamment aux industries sidérurgiques, pharmaceutiques ou textiles, affolées de voir les usines fermer en nombre et par l'impact sur l'emploi.
La sidérurgie a ainsi mis en garde contre de graves conséquences si elle ne parvenait pas à se fournir rapidement en débris de métaux ferreux, ensuite fondus pour donner de l'acier, dont les prix ont atteint des records ces dernières semaines.
Des usines plus petites ont déjà fermé après avoir épuisé tous leurs stocks et les plus grandes n'ont plus que quelques jours devant elles avant de devoir elles aussi cesser de produire, affirme-t-il.
La sidérurgie assure que le montant de ses importations reste modeste, à environ 150 millions de dollars par mois, mais qu'elle pourrait sauver avec cela des centaines de milliers d'emplois.
La banque centrale du Pakistan a annoncé la semaine dernière que ses réserves de change avaient chuté à 2,9 milliards de dollars au 3 février, à peine de quoi couvrir moins de trois semaines d'importations.
Pas d'accord avec le FMI
Des années de mauvaise gestion financière et d'instabilité politique ont affaibli l'économie pakistanaise, dont les faiblesses structurelles ont été exacerbées par la pénurie d'énergie et les inondations dévastatrices de l'été dernier.
Outre le blocage des importations, la flambée de l'inflation, la hausse du prix de l'essence et la forte dépréciation de la roupie sont autant de facteurs cumulés qui pèsent lourdement sur l'industrie pakistanaise.
Une délégation du FMI a quitté vendredi le Pakistan sans avoir conclu d'accord sur la reprise des versements d'un prêt échelonné suspendu depuis des mois.
Même si des progrès ont été accomplis et si les discussions doivent se poursuivre sur cette aide dont le pays a un besoin crucial, l'incertitude et l'inquiétude sont de mise dans le monde des affaires pakistanais.
Le secteur textile représente environ 60% des exportations pakistanaises et emploie près de 35 millions de personnes, fournissant certaines des plus grandes marques mondiales.
"A l'arrêt complet"
Le secteur a dû importer l'essentiel de ses besoins en coton en raison de la baisse de la production intérieure causée par les dernières inondations. Mais les teintures, boutons, fermetures éclairs et les pièces de rechange pour les machines se font aussi rares.
Près de 30% des usines textiles ont complètement cessé de produire et les autres travaillent à moins de 40% de leurs capacités.
Tauqeer ul Haq, le président de l'Association des fabricants pakistanais de produits pharmaceutiques, estime que 40 usines de médicaments sont aussi sur le point de fermer car elles n'ont plus les ingrédients de base nécessaires.
A Peshawar, dans le Nord-ouest du pays, des usines fabriquant des biens aussi divers que du verre, des élastiques ou des produits chimiques, le plus souvent à destination de l'Afghanistan voisin, ferment quotidiennement.