Le Premier ministre, Shehbaz Sharif, a tout fait pour éviter l'amère potion du FMI - qui réclamait la fin des subventions au secteur de l'énergie et des interventions sur le marché des changes, ainsi que la hausse des taxes par peur d'en payer le prix dans les urnes lors des élections législatives en fin année.
Pendant des mois, il a refusé de se plier aux exigences de l'institution, se tournant vers les pays amis du Golfe ou la Chine pour obtenir des prêts à meilleures conditions.
Mais les quelques nouvelles aides et facilités de paiement obtenues se sont révélées insuffisantes. Et face au risque que le Pakistan ne se retrouve en défaut de paiement, il a fini par céder sous la pression.
Le gouvernement a finalement accepté de laisser le marché fixer librement le cours de la roupie, la faisant plonger la semaine dernière à un plus bas historique face au dollar. Puis il a augmenté le prix de l'essence, au risque de s'aliéner un peu plus les électeurs.
Le Sri Lanka a fait défaut sur sa dette extérieure en avril 2022 et a connu de sévères pénuries de nourriture, carburant et médicaments qui ont provoqué des mois de mécontentement populaire et de manifestations.
L'équipe du FMI arrive dans un pays gagné par la panique, qui peine à se remettre des catastrophiques inondations de l'été dernier.
Les discussions avec le FMI portent sur la reprise des versements d'un prêt échelonné de 6 milliards de dollars, accordé en 2019 et porté ultérieurement à 6,5 milliards. Seulement la moitié de cette somme a pour l'instant été versée.
En raison de cette pénurie de dollars, les banques refusent d'ouvrir de nouvelles lettres de crédit pour les importateurs, hormis pour les denrées alimentaires essentielles et les produits médicaux. Des milliers de conteneurs se retrouvent ainsi bloqués dans le port de Karachi.
A la pompe d'une station-service, une veuve accompagnée de son fils explique faire attention à chaque roupie dépensée pour leur moto, l'un et l'autre devant se contenter de manger deux fois par jour.
Le Pakistan est confronté à des difficultés récurrentes à rembourser son énorme dette. Le gouverneur de la Banque centrale, Jamil Ahmed, a indiqué le mois dernier que le pays devait rembourser 33 milliards de dollars en prêts et paiements extérieurs d'ici la fin de l'année fiscale en juin.
Son offensive diplomatique a permis au Pakistan de voir des prêts d'un montant de 4 milliards de dollars être prolongés par les pays prêteurs, les négociations se poursuivant pour 8,3 autres milliards de dollars.
Le pays se débat aussi dans d'immenses difficultés d'approvisionnement énergétique, en raison d'infrastructures médiocres et d'une gestion défectueuse.
La semaine dernière, une gigantesque panne d'électricité, causée par des mesures d'économie, a touché la majeure partie du pays pendant près d'une journée entière.