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Modi va inaugurer un temple hindou à l'épicentre de tensions religieuses

Le Premier ministre indien Narendra Modi doit inaugurer lundi un temple dédié au dieu Rama, point d'orgue de sa politique nationaliste en faveur de l'hindouisme, lors d'une cérémonie qui lancera officieusement la campagne pour sa réélection.

19:43 - 20/01/2024 Cumartesi
MAJ: 12:39 - 20/01/2024 Cumartesi
AFP
Crédit Photo: Maryke VERMAAK, Archana THIYAGARAJAN, Atish PATEL, Prakash SINGH, Shubham KOUL, Douglas E. CURRAN / AFP / AFPTV
Crédit Photo: Maryke VERMAAK, Archana THIYAGARAJAN, Atish PATEL, Prakash SINGH, Shubham KOUL, Douglas E. CURRAN / AFP / AFPTV

Le temple, haut de 50 mètres, a été construit dans la ville d'Ayodhya, dans le nord du pays, sur un terrain occupé pendant des siècles par une mosquée démolie par des fanatiques hindous, encouragés par des membres du parti au pouvoir.


Cette démolition en 1992 a déclenché les pires émeutes religieuses depuis l'indépendance, faisant environ 2.000 morts, pour la plupart musulmans. Elle a aussi ébranlé la politique officiellement laïque de l'Inde.

Mais pour le parti nationaliste hindou au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP), l'ouverture du temple Ram Mandir vient couronner plusieurs décennies d'efforts pour recentrer la politique du pays sur la religion majoritaire.


"J'aurai la chance de pouvoir être témoin de cet événement de bon augure"
, a déclaré M. Modi la semaine dernière, annonçant qu'il observera un jeûne rituel de 11 jours avant l'inauguration.

Le Seigneur a fait de moi un instrument pour représenter tout le peuple d'Inde.

Milliardaires et champion de cricket


Des milliers de personnes sont attendues pour la cérémonie à Ayodhya, dont nombre de célébrités, comme des milliardaires, l'ancien capitaine de l'équipe nationale de cricket Virat Kohli et le géant de Bollywood Amitabh Bachchan. 


Narendra Modi et le BJP ont cherché à promouvoir l'hindouisme et à le mettre au premier plan depuis leur arrivée au pouvoir il y a dix ans.

Pour les hindous, Rama, l'un des dieux les plus vénérés du panthéon, est né dans la ville il y a plus de 7.000 ans. Mais la mosquée Babri a été construite sur son lieu de naissance par un empereur musulman du XVIe siècle.


Le BJP, qui n'était pas encore au pouvoir, a joué un rôle déterminant dans la campagne qui a débouché sur la destruction de la mosquée, en organisant des processions à travers le pays qui ont déclenché de multiples émeutes religieuses dans leur sillage. 


"Nationalisme culturel"


Une légion de sculpteurs a travaillé sur la décoration extérieure en relief du temple, dont la construction a coûté environ 240 millions de dollars, financés par des dons du public selon ses responsables.


La consécration du temple par Narendra Modi aux côtés de prêtres hindous devrait renforcer sa posture de défenseur de la foi, avant les élections législatives qui débuteront en avril.


Le BJP est largement favori pour remporter une troisième victoire consécutive, en partie grâce à la politique pro-hindoue du Premier ministre.


Les partis d'opposition boycottent la cérémonie, affirmant qu'il s'agit en fait d'un événement à vocation électoraliste.


Selon Nistula Hebbar, rédactrice en chef politique du quotidien The Hindu, cette inauguration illustre le
"nationalisme culturel"
du parti au pouvoir. "
Le timing correspond au fait que le BJP se dirige vers les élections",
indique-t-elle.

"Mort et destruction"


Nombre de fidèles hindous se préparent en Inde avec enthousiasme pour la cérémonie. 


Des drapeaux safran représentant le dieu Rama à la peau bleue, avec son arc et ses flèches, sont accrochés devant les maisons et les devantures des magasins à travers le pays, et les travaux de construction du temple sont suivis en direct par des chaînes d'information.


La ville d'Ayodhya a été dotée d'un nouvel aéroport international et de nouveaux hôtels pour accueillir les millions de pèlerins attendus chaque année.


Mais parmi les 200 millions de musulmans indiens, déjà inquiets après une augmentation des tensions interreligieuses, beaucoup regardent avec appréhension l'inauguration. 


Des groupes d'activistes hindous, encouragés par leur succès à Ayodhya, ont entamé des poursuites pour remplacer des mosquées par des sanctuaires hindous dans d'autres sites.


Alors qu'une grande partie de l'Inde est en fête, l'inauguration du temple évoquera pour des musulmans d'Ayodhya les souvenirs sanglants des exactions d'il y a plusieurs décennies. 


"Mon père a été pourchassé dans une rue par une foule. Ils l'ont frappé avec un tesson de bouteille avant de le brûler vif",
a indiqué Mohammed Shahid, 52 ans, à l'AFP à Ayodhya le mois dernier. 

Pour moi, le temple ne symbolise rien d'autre que la mort et la destruction.

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