Marie-Christine Vergiat : "Les politiques migratoires se durcissent de plus en plus en France"

22:2219/12/2022, Pazartesi
MAJ: 19/12/2022, Pazartesi
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Marie-Christine Vergiat, vice-présidente de la Ligue des droits de l’homme (France) et ancienne députée européenne
Marie-Christine Vergiat, vice-présidente de la Ligue des droits de l’homme (France) et ancienne députée européenne

Politiques migratoires qui "se durcissent de plus en plus en France”, vision "sécuritaire" du ministère de l'Intérieur, dérives des politiques européennes ... Marie-Christine Vergiat, vice-présidente de la Ligue des droits de l’homme (France) et ancienne députée européenne ne mâche pas ses mots. Lors d’une interview exclusive accordée à l’Agence Anadolu, Marie-Christine Vergiat s’est exprimée sur la situation des migrants et des exilés en France et en Europe.

Elle a tout d’abord indiqué qu’actuellement, la France accueille 7 millions de personnes immigrées, soit un peu plus de 10% de la population française.

“Parmi ces 7 millions d’immigrés, une partie ont pris la nationalité française. Ainsi, il ne faut pas confondre un migrant et un étranger. A cela s’ajoutent, selon les estimations, 400 à 600 mille personnes dites en situation irrégulière”,
a-t-elle précisé
Marie-Christine Vergiat a accusé le ministère de l’Intérieur d’adopter
“une vision politique sécuritaire”
à l’égard des migrants.
"Depuis 20 ans au moins, les politiques migratoires se durcissent de plus en plus en France, notamment parce qu’elles sont concentrées entre les mains du ministère de l’Intérieur et que le ministère de l’Intérieur a une vision qu’on appelle “sécuritaire” de ces politiques obsédées par le contrôle migratoire”
a-t-elle affirmé.
“La France a le triste palmarès d’être le pays de l’Union européenne qui délivre le plus d’obligations de quitter le territoire”
, explique-t-elle précisant cependant, qu’il ne s’agit pas du pays qui expulse le plus.
“Ces OQTF sont délivrées pour faire du chiffre, je dirais, en direction de personnes qui ne pourront jamais être expulsés”,
ajoute-t-elle.
Elle affirme se positionner, en tant que Ligue des droits de l’homme, “
pour la régularisation de tous ceux qui vivent et travaillent sur le territoire français."

Cependant, selon elle, les gouvernements français tiennent de moins en moins compte des positions des associations qui travaillent sur ces questions.

“Les associations qui travaillent sur ces questions demandent à privilégier l’accueil, c’est à dire qu’à partir du moment où l’accueil est privilégié, l’insertion se fait quasiment toute seule”
, a-t-elle dit.

ournée internationale des migrants: Des défenseurs des droits de l’Homme dénoncent un durcissement des politiques à l’égard des exilés et demandeurs d’asile en France et Europe.

Pas d'autorisation de travail

Préférant illustrer ses propos par un exemple, elle affirme :
"Les demandeurs d’asile n’ont pas le droit de demander l’autorisation de travailler avant une période de 6 mois. Ça veut dire qu’ils vivent d’allocations très faibles pendant six mois, alors que si on leur donnait l’autorisation de travailler, ils pourraient être indépendants et s’insérer très facilement dans la population française. C’est ce que montrent les études internationales sur ces questions : quand on donne les possibilités de s’insérer notamment en donnant un toit, l’autorisation de travailler et l’accès à la langue, l’insertion se fait toute seule et très vite”.
Dans le même élan, Vergiat a poursuivi :
"Le brassage des cultures qui a toujours existé est forcément un plus et non un danger comme certains le prétendent”.

Elle s’est ensuite penchée sur la différence de traitement entre les réfugiés ukrainiens et ceux provenant d’autres pays.

Selon elle, les gouvernements et politiques en général, sont en décalage par rapport à l’opinion publique.
“C’est ce qu’on vient de voir avec l’Ukraine par exemple. Quand le gouvernement et les politiques demandent de la solidarité, cette solidarité s’active quasiment toute seule. Ce qui est possible pour les Ukrainiens doit être possible pour d’autres”
, a-t-elle déclaré.
“Il y a de vraies questions de xénophobie et de racisme sur lesquelles on est de plus en plus nombreux à parler, ce qui cause de véritables problèmes et fait le lit de l’extrême-droite. On a des assimilations entre migrants, délinquants, étrangers qui sont totalement insupportables”
, a-t-elle ajouté.

L’ancienne députée européenne est ensuite revenue sur les dérives des politiques européennes concernant la question migratoire et a défendu le fait que “les exilés n’ont pas à être instrumentalisés par les politiques européennes”.

"Les pays européens demandent à leurs voisins les plus immédiats d’être les gendarmes du continent, de l’Union européenne et de l’espace Schengen. La Turquie est totalement concernée par cette politique. Ce sont des politiques assez insupportables car de plus en plus, les pays européens dont la France, conditionnent leurs relations avec les pays voisins et même au-delà, à l’acceptation du retour des personnes en situation irrégulière”
, a-t-elle déclaré.
"La Turquie accueille les réfugiés venant des pays voisins, elle est le pays qui a accueilli le plus de Syriens en chiffre absolu, et lui demander de reprendre des ressortissants qui sont arrivés en situation illégale, est totalement scandaleux”,
a-t-elle ajouté.

Vergiat a appelé au respect des textes internationaux et a souligné la nécessité de délivrer des visas humanitaires dès qu’il y a un problème soit dans le pays concerné, soit dans les pays limitrophes.

“Arrêter les peurs et accueillir dignement, en respectant les droits fondamentaux et particulièrement le droit international, ça réglerait la question au lieu de créer des problèmes. Parce qu’en réalité, ces politiques de fermeture, d’opposition et d’instrumentalisation, créent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent”
, a-t-elle conclu.
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