Crédit Photo : Tony KARUMBA / AFP
Vue générale d'un kiosque à journaux avec des titres sur la destitution du vice-président kenyan Rigathi Gachagua sur le bord d'une route à Nairobi le 9 octobre 2024.
Les sénateurs kényans se prononcent jeudi sur la destitution du sulfureux vice-président Rigathi Gachagua, accusé notamment de corruption dans le cadre de cette procédure inédite qui tient le pays en haleine.
L'Assemblée nationale a approuvé à une écrasante majorité la semaine dernière une motion de destitution contre le vice-président, en conflit ouvert avec le chef de l'État William Ruto depuis plusieurs mois.
Le Sénat devrait suivre le mouvement lors d'un vote jeudi soir, estimaient mercredi plusieurs grands médias locaux. Pour être adoptée définitivement, la motion devra réunir au moins deux tiers des sénateurs, soit 45 voix.
Les chances de survie politique de M. Gachagua sont minces si les membres de l'opposition soutiennent le parti au pouvoir, comme ce fut le cas à la chambre basse.
Il pourrait devenir le premier vice-président écarté du pouvoir dans le cadre d'une telle procédure, prévue par la Constitution de 2010.
Cependant, il a promis de se battre
et pourrait combattre sa destitution en justice.
M. Gachagua, 59 ans, est notamment accusé de détournements de fonds, de trafics d'influence et d'acquisitions frauduleuses d'hôtels et d'appartements.
Il devrait répondre jeudi au Sénat à ces accusations qu'il a qualifiées de
et de
"complot visant à (le) chasser du pouvoir en raison d'autres considérations politiques".
M. Ruto avait choisi M. Gachagua comme colistier pour la présidentielle de 2022, malgré sa réputation sulfureuse déjà marquée par plusieurs accusations de corruption.
Doté d'un solide réseau d'influence, notamment dans la région stratégique du Mont Kenya, cet ancien homme d'affaires de l'ethnie kikuyu, majoritaire dans le pays, a joué un rôle crucial dans la victoire de M. Ruto face à son rival Raila Odinga (50,49 % contre 48,85 %).
Cependant, les relations entre les deux hommes à la tête de l'État se sont détériorées, notamment depuis un mouvement de contestation antigouvernementale qui a secoué le pays en juin et juillet.
Les détracteurs du vice-président l'accusent de ne pas avoir soutenu le chef de l'État face aux manifestations qui demandaient sa démission. La répression de cette contestation a fait au moins 60 morts.
Le mouvement s'est essoufflé, mais le ressentiment est toujours présent, et la crise actuelle au sommet de l'État est, pour de nombreux Kényans, un nouveau signe de déconnexion de la classe politique.
William Ruto est resté silencieux sur l'affaire, mais la motion de destitution a été déposée par un membre de la coalition présidentielle, Kenya Kwanza.
M. Gachagua estime que la procédure
avoir été lancée sans l'accord du chef de l'État et qu'il a été mis de côté par le gouvernement.
"Je suis désormais considéré comme une cartouche usagée",
a-t-il déclaré tout en ajoutant:
Ils veulent m'écarter et nommer quelqu'un d'autre, au mépris de la volonté des Kényans.
Parmi les noms de successeurs potentiels évoqués par les médias kényans en cas de destitution figurent le ministre de l'Intérieur Kithure Kindiki, le ministre des Affaires étrangères Musalia Mudavadi et une gouverneure de comté, Anne Waiguru.
Les avocats de M. Gachagua affirment que la procédure de destitution est injuste et précipitée. Le vice-président a tenté de bloquer les débats et le vote au Sénat en justice, mais plusieurs saisines ont été rejetées.
Il a néanmoins promis de se battre
"Je suis certain que les tribunaux exerceront l'autorité judiciaire et protégeront et feront respecter la Constitution et la volonté du peuple"
, a-t-il déclaré lors d'un service religieux dans le centre du Kenya dimanche.
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