"J'ai le plaisir d'annoncer que l'équipe du FMI est parvenue à un consensus avec les autorités pakistanaises sur un accord de confirmation
(...)
d'un montant de 2.250 millions de droits de tirage spéciaux
(DTS, environ 3 milliards de dollars américains)
a déclaré Nathan Porter, un responsable du FMI, dans un communiqué publié jeudi soir.
L'accord de confirmation - une facilité de prêt visant à apporter une aide financière sous condition à un pays qui en a fait la demande - devra être approuvé par le conseil d'administration du FMI d'ici la mi-juillet,
a précisé M. Porter.
Confrontée à une crise de sa balance des paiements et à une dette extérieure très élevée, une inflation record et un plongeon de la roupie,
l'économie pakistanaise a aussi souffert de plusieurs mois de chaos politique, qui ont effrayé les investisseurs potentiels.
Cinquième pays le plus peuplé du monde, le Pakistan a également été ravagé par des inondations record en 2022, qui ont laissé sous l'eau près d'un tiers du territoire, dévastant de vastes étendues de terres agricoles et faisant des dizaines de millions de sans-abri.
Les négociations du Pakistan pour obtenir le déblocage d'une tranche d'un prêt de 6,5 milliards de dollars du FMI conclu en 2019 sont dans l'impasse depuis des mois.
Ce prêt expire vendredi, et le nouvel accord s'appuie sur les efforts du FMI dans le cadre de l'accord précédent, a expliqué M. Porter.
Le ministre pakistanais des Finances Ishaq Dar a salué le nouvel accord sur Twitter.
Le directeur de l'Institut d'Asie du Sud du Wilson Center, Michael Kugelman, a de son côté critiqué la lenteur du gouvernement pakistanais pour atteindre les objectifs demandés par le FMI dans le cadre des négociations.
Croissance en berne, inflation record
"Islamabad a attendu jusqu'aux dernières heures pour prendre les mesures bugétaires (politiquement risquées) demandées par le FMI",
a-t-il tweeté.
Ces mesures, telles que le suppression de nombreuses subventions et le flottement de la roupie vis-à-vis du dollar, risquent d'être impopulaires, alors que les prochaines élections doivent se dérouler en octobre.
Pour l'analyste Mohammed Sohail, responsable de Topline Securities, le prêt du FMI devrait permettre de restaurer la confiance de certains investisseurs.
"Ce nouveau programme est bien meilleur que ce qu'on attendait",
alors que beaucoup d'incertitudes, notamment politiques, planent sur le pays, a-t-il estimé.
Le Pakistan, critiqué pour sa mauvaise gestion financière, a besoin de milliards de dollars pour financer le service de sa dette, alors que ses réserves en devises se sont réduites à 3,5 milliards, juste de quoi payer trois semaines d'importations.
La crise a conduit le gouvernement à stopper les importations plusieurs mois, handicapant de nombreux secteurs économiques, notamment l'industrie.
La croissance économique n'a atteint que 0,3% sur l'exercice budgétaire 2022-2023, tandis que l'inflation a atteint un record de 38% en mai, alors que les salaires réels des Pakistanais diminuent depuis une dizaine d'années.
Ces dernières décennies, le Pakistan a négocié une vingtaine d'accords de prêt avec le FMI, mais la plupart n'ont pas abouti.
Pour le FMI, l'accord de jeudi devrait soutenir les efforts de stabilité économique du gouvernement pakistanais et fournir
"un cadre pour des financements par des partenaires multilatéraux et bilatéraux".