"Cette fois, ils m'ont épuisé". Le militant palestinien Fakhri Abou confesse son dépit dans les décombres de sa maison détruite à Jérusalem-Est, une partie de la ville occupée et annexée par Israël où les démolitions se multiplient depuis le 7 octobre 2023.
Sa maison à Al-Boustan, quartier du secteur de Silwan, au sud de la Vieille Ville, a été démolie pour la deuxième fois cette année par les autorités israéliennes, qui y voient une construction illégale.
Le 5 novembre, des bulldozers de la municipalité de Jérusalem ont rasé sept maisons palestiniennes, dont celle de M. Abou Diab. De plus, il a assuré:
Mais nous resterons à Al-Boustan, même dans une tente ou sous un arbre.
Israël considère Jérusalem-Est comme partie intégrante de sa capitale, tandis que les Palestiniens rêvent de faire de la ville la capitale de l'État indépendant et souverain auquel ils aspirent. L'ONU juge illégale l'annexion de Jérusalem-Est et ne reconnaît pas Jérusalem comme la capitale d'Israël.
"Né ici"
Silwan commence au pied des murailles de la Vieille ville actuelle, à un endroit où la Bible situe la Cité du roi David après sa conquête de Jérusalem sur les Jébuséens.
Aujourd'hui, plusieurs centaines de colons y vivent au milieu de 50 000 Palestiniens. Leurs maisons se distinguent par des drapeaux israéliens flottant sur les toits et suspendus aux fenêtres, ainsi que par des caméras de sécurité.
La maison de M. Abou Diab a été démolie une première fois en février. Il l'a reconstruite, avant qu'elle ne soit de nouveau détruite en novembre.
Refuge perdu
Lui et ses voisins ont rejeté une offre de la municipalité de s'installer à Beit Hanina, quartier majoritairement palestinien, annexé par Israël en 1967, mais beaucoup plus loin du cœur historique de la cité.
Omar Al-Rouwaïdi, 42 ans, et sans emploi fixe, se chauffe avec son fils autour d'un feu au milieu des décombres de la maison familiale, rasée par les bulldozers de la mairie.
D'autres familles ayant reçu des ordres de démolition ont refusé de parler à l'AFP, invoquant la crainte de représailles.
Selon Ir Amim, les démolitions à Jérusalem-Est ont atteint des niveaux sans précédent depuis l'attaque du 7 octobre 2023 de janvier à novembre 2024, 154 maisons y ont ainsi été démolies.
Après sa démolition, la France, qui avait soutenu les activités de l'association, a demandé des explications aux autorités israéliennes.