Au Ghana, les futurs champions de boxe se forment dans les ruelles de Jamestown

12:1918/12/2024, mercredi
AFP
Le boxeur professionnel Prince Larbi, également connu sous le nom de Prince The Buzz Larbi, s'entraîne au Will Power Boxing Gym dans le quartier de Jamestown à Accra, le 10 décembre 2024.
Crédit Photo : OLYMPIA DE MAISMONT / AFP
Le boxeur professionnel Prince Larbi, également connu sous le nom de Prince The Buzz Larbi, s'entraîne au Will Power Boxing Gym dans le quartier de Jamestown à Accra, le 10 décembre 2024.

Le sol en béton poussiéreux, les gants usés et les sacs de frappe abîmés du club de boxe d'Attoh Quarshie, situé dans un petit quartier d'Accra, la capitale ghanéenne, ne paient pas de mine.

Pourtant, des dizaines de boxeurs s'y retrouvent chaque jour, comme dans les clubs avoisinants, pour s'entraîner plusieurs heures. Jamestown, quartier populaire et historique, est ainsi devenue la
"Mecque"
de la boxe au Ghana.

À quelques mètres de la salle fondée par Attoh Quarshie, figure marquante de la vie politique ghanéenne et passionné de boxe, décédé en 2019, le club Will Power Boxing pousse ses membres à se dépasser avec un slogan inscrit sur sa porte :
"Go Hard or Go Home" ("Travail dur ou rentre chez toi").

Au total, une dizaine de clubs dédiés au noble art se partagent les ruelles sinueuses de Jamestown et du quartier voisin Bukom, situés près d'un port de pêche face à l'océan Atlantique.


Les murs de ces clubs rendent hommage aux champions qui y ont fait leurs premiers pas, comme Azumah Nelson, surnommé
"The Professor",
considéré comme le plus grand boxeur africain, ou encore John Laryea, dit
"The Expensive Boxer" ("Le Boxeur Onéreux"),
ancien champion ghanéen.

Jamestown : une nouvelle génération en pleine ascension


Aujourd'hui, une nouvelle génération de champions émerge à Jamestown.


"La boxe ghanéenne, c'est tout ce qui fait Jamestown",
explique John Zile, 24 ans, boxeur professionnel ayant remporté plusieurs combats, qui s'entraîne au Bronx Boxing Gym.

"Si vous voulez être un grand, vous devez venir ici",
ajoute-t-il. Originaire du nord du Ghana, il s'est installé au cœur du bastion de la boxe ghanéenne.

Selon les entraîneurs, la popularité de la boxe à Jamestown et Bukom s'explique par les difficultés économiques de ces quartiers, peuplés principalement de pêcheurs, et par une tradition locale consistant à régler les différends par une démonstration de force.

"Il est devenu évident que la boxe appartient à cette partie du pays",
affirme Lawrence Carl Lokko, entraîneur et propriétaire du Bronx Boxing.

Pour lui, ce sport offre également un moyen de mener une vie disciplinée, loin des rues de Jamestown, où les opportunités sont rares.


Non loin de là, un gymnase organise régulièrement des tournois entre les clubs du quartier. Les photos de ces évènements sont fièrement affichées, tout comme dans la salle d'Attoh Quarshie.


Face aux affiches accrochées sur les murs rouge et jaune écaillés, les entraîneurs d'Attoh Quarshie soumettent les boxeurs trempés de sueur à des enchaînements sur les sacs de frappe, avant qu'un sifflet ne marque une pause entre les rounds.

Sur le ring, deux boxeurs se déplacent et frappent dans les pattes d'ours de leur sparring partner.


"Ils vous entraînent bien",
explique Akimos Ampiah, boxeur professionnel bien connu au Ghana, entre deux rounds.

"La boxe, c'est une tradition ici",
conclut-il.

Près de l'entrée, un panneau en bois rappelle avec humour les deux règles du gymnase:
"Règle numéro 1. L'entraîneur n'a jamais tort. Règle numéro 2. Si vous pensez que l'entraîneur a tort, référez-vous à la règle numéro 1."

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