- 24.11.2024, dimanche
- 02:54
L'immigration étant naturellement le cœur de la bataille du RN de Jordan Bardella et Marine Le Pen, les quartiers populaires sont plus mobilisés que jamais, pour empêcher que leur programme ne puisse être mis en œuvre à l'issue du scrutin législatif.
Depuis le 9 juin, le séisme politique provoqué par la dissolution de l'Assemblée Nationale et la convocation de nouvelles élections anticipées, les sondages montrent une extrême-droite plus forte que jamais avec une possible accession au pouvoir à l'issue du deuxième tour des législatives.
Partout dans le pays, les tractations se poursuivent à gauche comme au centre, pour tenter de faire barrage au RN (Rassemblement National), qui a depuis conclu une alliance avec LR (Les Républicains), à l'initiative du désormais très contesté président du parti, Eric Ciotti.
L'immigration étant naturellement le cœur de la bataille du RN de Jordan Bardella et Marine Le Pen, les quartiers populaires sont plus mobilisés que jamais, pour empêcher que leur programme, jugé raciste, ne puisse être mis en œuvre à l'issue du scrutin législatif.
À Nice, dans le quartier sensible des Moulins, Anadolu est allée à la rencontre des habitants, pour recueillir leur sentiment, à deux jours du premier tour.
J'ai l'impression qu'on essaie de nous mettre à la porte de notre propre pays.
"Je suis binationale, originaire d'Oran en Algérie, mais je suis en France depuis toujours, et on me dit maintenant que le port de mon foulard risque d'être interdit d'ici 2027. Comment on va faire nous les femmes voilées? On est devenues des étrangères chez nous"
grince Leïla, qui habite Antibes mais dont les parents vivent aux Moulins depuis 40 ans.
Assise à ses côtés, Fatma, une voisine, elle aussi d'origine algérienne abonde dans son sens:
"Vous imaginez ? J'ai 80 ans. On va me forcer à sortir sans mon foulard ! Si le RN l'interdit, j'aurais deux choix: repartir en Algérie ou rester enfermée chez moi. Je ne suis jamais sortie sans. C'est de la folie de vouloir nous attaquer comme si on était des ennemies de la France alors qu'on ne fait de mal à personne".
Sur la Place des Amaryllis, les jeunes attablés à la terrasse d'un café sont moins inquiets que leurs ainées. Pour Anis, d'origine tunisienne mais né en France, il n'y a pas lieu de craindre l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite.
"Qu'est-ce qu'ils vont nous faire? Mes parents sont déjà repartis au bled. Moi je suis français. On ne risque rien. Marine Le Pen et Jordan Bardella disent des choses qui font peur pour gagner les voix des racistes mais en réalité, ils auront les mains liées"
, clame le jeune homme.
Même son de cloche du côté de Younès, pour qui
"le programme du RN est rempli de vent"
. Il affirme ne pas
"se sentir concerné par les débats"
et déplore
"la présence quasi-quotidienne de personnalités politiques depuis le début de la campagne"
alors qu'il assure ne jamais les croiser en temps normal.
De son côté, Djema, artiste peintre, d'une cinquantaine d'années ne mâche pas ses mots pour qualifier le contexte politique français dont elle considère qu'il ressemble
"à l'époque de la ségrégation aux États-Unis".
"On cible certains métiers (interdits aux binationaux) comme si, si vous êtes vraiment de souche, vous ne pouvez pas faire de mal".
Et l'artiste bien connue des Moulins de grincer:
Je pense qu'il y a un gros travail et ceux qui ont fait les Droits de l'Homme doivent se retourner dans leur tombe, ça j'en suis certaine.
Et de conclure:
"J'ai certaines valeurs quoi qu'en disent et quoi qu'en pensent Bardella et compagnie".
Pour rappel, Emmanuel Macron a procédé, le 9 juin dernier, à la dissolution de l'Assemblée nationale après la débâcle des élections européennes.
Selon les projections, le RN pourrait remporter entre 250 et 280 sièges sur 577 à pourvoir au Palais Bourbon, s'assurant une confortable avance sur ses adversaires.
Les élections législatives anticipées se tiendront les 30 juin et 7 juillet prochains dans tout le pays.
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