France: la CNCDH pointe une augmentation des actes racistes, antisémites et xénophobes

14:2328/06/2024, Cuma
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La France a enregistré 32 % d'actes racistes en plus en 2023, d'après les données du ministère de l'Intérieur.
Crédit Photo : SAMEER AL-DOUMY / AFP
La France a enregistré 32 % d'actes racistes en plus en 2023, d'après les données du ministère de l'Intérieur.

La France a connu une augmentation exponentielle des actes racistes, antisémites et xénophobes en 2023, alors que la "figure de l'immigré" est particulièrement visée, indique un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) chargée d'évaluer la politique publique dans l'Hexagone, remis jeudi 27 juin au gouvernement Attal.

"L''immigré, réceptacle commode de toutes les critiques, a été régulièrement pointé du doigt comme responsable des difficultés rencontrées dans nos sociétés"
, a indiqué Jean-Marie Burguburu, président de la CNCDH, commentant les résultats de ce rapport officiel dans sa 34e édition, selon Mediapart.

"Depuis plusieurs années, le Rassemblement national [RN] bénéficie d'une audience accrue, dans les urnes, mais aussi dans les médias et les institutions, particulièrement avec l'arrivée de 88 députés de ce parti à l'Assemblée nationale. Avec lui, c'est aussi tout un ensemble de figures médiatiques et d'intellectuels qui donnent de la voix et essayent d'imposer leurs manières de voir l'immigration et la diversité. Cette parole est relayée par un nombre croissant de télévisions, radios, journaux et comptes de réseaux sociaux",
indique le rapport - repris par Mediapart - qui intervient dans un contexte électoral électrique.

Jean-Marie Burguburu avait appelé le 13 juin les Français·es
"à faire barrage aux candidats de l'extrême droite'"
lors des législatives anticipées, considérant que le RN s'oppose de façon
"frontale, directe, [aux] principes d'égalité, de fraternité et de liberté".

La rapporteuse nationale indépendante sur la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie [CNCDH], pointe également la responsabilité de l'exécutif en place. La concentration sur l'immigré, et particulièrement le travailleur immigré, s'est révélée nettement lors du débat politique autour de la loi asile et immigration, portée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.


Récemment, le président de la République Emmanuel Macron a taxé d'
"immigrationniste"
- mot de l'extrême droite - les mesures du programme du Nouveau Front populaire (NFP).

Le rapport fait état aussi d'un fléchissement de l'
"indice longitudinal de tolérance"
pour la deuxième année consécutive. Cet indice mesure tous les ans l'évolution des préjugés sur une échelle de 0 à 100.

Plus l'indice se rapproche de 100, plus il reflète un niveau de tolérance élevé. Pour 2023 cet indice s'est établi à 62 sur 100, il recule de trois points par rapport à 2022. Cette baisse de la tolérance touche toutes les minorités. Les populations rom et musulmane sont de loin les plus visées.

À ce propos, l'organe indépendant cite en exemple des événements à l'occasion desquels la parole raciste s'est libérée: les émeutes dans les quartiers populaires à la suite de la mort du jeune Nahel à Nanterre, mais encore l'affaire de Crépol, où
"le cadrage médiatique a été particulièrement inconséquent, voire mensonger".

La CNCDH souligne d'ailleurs qu'
"entre gauche et droite, les écarts [de tolérance] sont de 23 points, soit du même ordre qu'entre les générations nées avant 1955 et après 1987, démontrant combien ces deux camps divergent dans leur appréciation de la diversité et des minorités".

Selon le rapport
"ce recul soulève de sérieuses questions quant à l'évolution du vivre-ensemble".

Pour la première fois depuis 2005,
"c'est l'indice de tolérance relatif aux juifs qui a le plus chuté en un an, avec une baisse de quatre points à comparer à celle d'un point pour les Maghrébins et les Noirs, de deux points pour les musulmans, et de trois points pour les Roms"
, ajoute le document officiel.

L'année 2023 a été en outre marquée, depuis le 7 octobre, par un nombre d'actes antisémites
"exceptionnellement élevé, qui rappelle de manière brutale la persistance de l'antisémitisme dans notre pays"
. Pas moins de 1 676 actes antisémites ont été recensés en France en 2023, soit quatre fois plus qu'en 2022.
"Le conflit israélo-palestinien a souvent déclenché en France des vagues d'antisémitisme mais jamais à un tel niveau",
précise le rapport.

La France a enregistré 32 % d'actes racistes en plus en 2023, d'après les données du ministère de l'Intérieur – particulièrement les actes à caractère antisémite: + 284 %.

La hausse des actes racistes entre octobre et décembre 2023 (1 242 actes racistes recensés)
"alimente un fort sentiment d'insécurité tant parmi les Français juifs que musulmans",
souligne la CNCDH.

L'organe indépendant explique que c'est le sentiment anti-immigrés qui est
"le plus corrélé aux autres formes de haine et d'intolérance captées par le baromètre"
. Une personne rejetant fortement les immigrés
"sera plus encline à exprimer par ailleurs une opinion misogyne, antisémite, anti-islam, anti-communautariste, à se dire raciste ou à considérer qu'il existe des races supérieures à d'autres",
souligne le rapport, indiquant que le racisme mute vers sa dimension
"culturelle et identitaire",
qui consiste
"à invoquer l'incapacité supposée des immigrés et des étrangers à se conformer aux normes et aux valeurs de la société d'accueil".

La CNCDH pointe le
"désengagement"
de l'État pour faire reculer le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie en France. Ainsi, depuis 34 ans, le gouvernement français ne s'est pas conformé à la loi de 1990 qui prévoit la remise officielle au premier ministre du rapport annuel de la CNCDH.

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