Deux jeunes hommes ont été tués par balle lundi lors de la première journée d'une grève générale illimitée très suivie en Guinée, où les militaires au pouvoir depuis 2021 répriment toute forme de contestation.
Elle est lancée dans un climat de tension sociale grandissante et en l'absence de gouvernement, depuis que la junte a annoncé contre toute attente sa dissolution il y a une semaine sans en donner les raisons, mais en ordonnant le gel des comptes bancaires de ses membres et la saisie de leurs passeports.
La grève générale vise à obtenir la baisse des prix des denrées de première nécessité, la fin de la censure médiatique et la libération d'un syndicaliste de presse.
Conakry a ressemblé à une ville morte lundi. Les routes, habituellement bondées, étaient vides. Les banques, écoles, commerces étaient fermées. Le grand marché de Madina, poumon économique de Conakry, est resté désert toute la journée.
Les administrations et hôpitaux ont offert un service minimum.
Des heurts entre forces de sécurité et manifestants ont éclaté sporadiquement dans certains quartiers de la banlieue de la capitale.
Adama Keita, membre de la famille d'un jeune de 18 ans qui a été pris dans des affrontements a déclaré:
Ils ont tué notre fils, ils l'ont visé et tué d'une balle dans le cou.
Quand Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir, il a dit que la justice sera la boussole qui va orienter tous les Guinéens. Aujourd'hui, il est en train de faire pire que l'autre (l'ex-président Alpha Condé).
Les autorités n'ont pas immédiatement confirmé la mort des deux hommes, comme cela a souvent été le cas par le passé.
La contestation est devenue exceptionnelle sous le général Doumbouya. A la tête de ce pays parmi les moins développés au monde en dépit de ses ressources naturelles, il n'a pas pris la parole depuis le début de l'année 2024, malgré un contexte tendu.
La junte a interdit toute manifestation. Elle a réprimé l'opposition, largement réduite à l'impuissance.
Les militaires au pouvoir ont récemment sévi contre un certain nombre de médias en supprimant des chaînes de télévision des principaux bouquets de distribution et en brouillant des fréquences radio, provoquant des manifestations de colère, en particulier de journalistes.
Le collectif d'avocats qui le défend a indiqué dans un communiqué avoir été informé lundi qu'avec une célérité rare, le procès en appel avait été audiencé mercredi.
Les autorités ont consenti, sous la pression internationale, à annoncer qu'elle allait rendre la place à des civils élus d'ici à fin 2024, le temps, dit-elle, de mener de profondes réformes.
En janvier-février 2007, les syndicats avaient orchestré des grèves générales très suivies. La répression de cette contestation historique contre la corruption et l'ingérence du pouvoir dans la justice sous le régime autoritaire du président Lansana Conté avait fait 186 morts selon des ONG.